Projet de recherche al-‘Ulā AS : 2019-2024.
– al-‘Ulā AS Project : Anthropological survey of al-‘Ulā community and its oasis system
– Responsable du projet : Vincent Battesti
Située au nord-ouest du Royaume d’Arabie saoudite, l’oasis d’al-‘Ulā, considérée jusqu’il y a peu comme un territoire éloigné et isolé, est le point de mire d’un ambitieux projet de développement du gouvernement de la monarchie saoudienne (dirigé par la Royal Commission for AlUla).
Avant tout projet ambitieux, une étude approfondie est bien entendu nécessaire, ici pour déterminer la véritable nature de l’oasis d’al-‘Ulā. Le premier objectif de ce projet est de comprendre le fonctionnement de cette communauté oasienne plurielle ainsi que ses rapports à l’environnement. Le défi consiste à s’appuyer sur l’expertise d’autres cas d’oasis (du Sahara et d’Arabie) sans négliger les spécificités anthropologiques et écologiques locales et à mettre en évidence la singularité de son fonctionnement social et économique. L’oasis, d’al-‘Ulā comme les autres, est l’association d’une agglomération humaine et d’une zone cultivée (souvent une palmeraie) en milieu désertique. En termes de système de production, comme al-‘Ulā est principalement un terroir agricole, l’agriculture des oasis mérite une attention particulière (Battesti, 2005), et en particulier, le palmier dattier (Phoenix dactylifera L.) — voir le projet « Ethnographic, genetic, and morphometric analyses of the date palm agrobiodiversity in al-‘Ulā oasis » (dir. par Vincent Battesti & Muriel Gros-Balthazard) —, la plante ingénieure de ce système complexe et ingénieux créé par les humains. La recherche doit bien sûr dépasser le seul palmier dattier : une oasis est un socio-écosystème à part entière, et un patrimoine naturel et culturel précieux. C’est la combinaison d’un système agricole complexe à plusieurs strates, d’espèces cultivées, et de connaissances et pratiques locales. Un premier objectif devrait être de comprendre comment ce système fonctionne et comment il a récemment évolué. Quelle est son agrobiodiversité, comment peut-on même la mesurer ? L’expérience (Battesti, 2013 ; Battesti & Gros-Balthazard et al., 2018) nous montre qu’une telle évaluation ne peut être réalisée efficacement sans tenir compte de la catégorisation locale du vivant, des animaux et des plantes, si l’on ne perd pas de vue que c’est la population locale et ses savoirs et savoir-faire environnementaux traditionnels qui sont à l’origine et qui ont maintenu cette diversité agroécologique (une population humaine locale et ses différentes identités et souvent complexes organisations sociales qu’il faut donc aussi inclure dans l’étude).
D’un point de vue scientifique, on sait peu de choses sur l’état actuel de l’oasis. Nous ne disposons d’aucune analyse sociologique ou ethnologique de l’oasis (sinon un ouvrage publié en Arabie saoudite par Naseef, 1995), tout comme il n’existe aucune évaluation de la richesse de l’agrobiodiversité locale des plantes et des animaux de l’oasis. Nous proposons ici une description de l’oasis al-‘Ulā avec un diagnostic général et interdisciplinaire visant les questions anthropologiques locales pertinentes. Nous proposons une évaluation de l’agrobiodiversité locale et de ses origines, entreprise par une approche multidisciplinaire, combinant l’anthropologie, l’ethnoécologie (incluant l’ethnobotanique et l’ethnozoologie) et l’agronomie. L’objectif est aussi de décrire le fonctionnement de l’oasis dans son ensemble, comme le résultat complexe d’ajustements sur le long terme et au quotidien d’humains et de non humains, en incluant dans nos recherches évidemment l’environnement urbain et à l’habitat des humains et leurs évolutions.
Un doctorant a été recruté sur ce projet de recherche al-‘Ulā AS pour une thèse en anthropologie sociale (CNRS) sur quatre ans (2019-2024) : Léo Marty.
Une ingénieure agronome a été recrutée sur ce projet de recherche al-‘Ulā AS en 2023 (CNRS) : Élise Gaury.
al-‘Ulā AS research Project