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[Siwa #0]
– L’agrobiodiversité du dattier (Phoenix dactylifera L.) dans l’oasis de Siwa (Égypte) : entre ce qui se dit, s’écrit et s’oublie.
Article publié dans la revue Revue d’ethnoécologie - 2013, vol. 4, « Le Palmier dattier : Origine et culture en Égypte et au Moyen-Orient », « The Date Palm : Origin and Cultivation in the Middle East and in Egypt ».
Numéro coordonné par Margareta Tengberg, Vincent Battesti et Claire Newton.
ISSN : 2267-2419
DOI : 10.4000/ethnoecologie.1538
En ligne : http://ethnoecologie.revues.org/1538
Fichier pdf : https://hal.science/hal-00707908
Paru le 7 janvier 2014.
Recherche menée avec le support du Hagop Kevorkian Center for Near Eastern Studies, NYU (New York University).
– La situation :
Cet article est en fait une plongée assez nouvelle pour moi dans la classification populaire/locale intraspécifique, donc d’un taxon, et en l’occurrence le palmier dattier. J’avais jusque-là présumé une situation plus simple qu’elle ne l’était en réalité : une espèce, cultivée par reproduction végétative, donnant de nombreuses variétés ou plus exactement des cultivars (clones), avec chacun son nom propre. C’était aller un peu vite en besogne et, à la lumière (en demi-teinte) de cette plongée dans la catégorisation locale du palmier dattier à Siwa (oasis berbérophone du désert libyque en Égypte), j’ai dû revoir plusieurs de mes présupposés.
Et notamment repenser les pratiques culturales oasiennes que je pensais bien connaître.
L’objectif de cet article est de présenter les premiers résultats d’une recherche en cours à Siwa, l’unique oasis berbère d’Égypte, dans le désert libyque, en particulier sur l’agrobiodiversité d’une de ses plantes cultivées : le palmier dattier (Phoenix dactylifera L.).
– Résumé :
Le palmier dattier (Phoenix dactylifera L.) est certes la plante clef de l’écosystème oasien de Siwa, l’unique oasis berbère d’Égypte, dans le désert libyque, mais son agrobiodiversité restait mal étudiée et probablement mal comprise. La diversité de cette plante cultivée ne peut être abordée sans s’attacher à l’étude des pratiques horticoles locales et des façons locales de catégoriser le vivant. Cet article présente les premiers résultats de cette recherche.
S’il existe un large consensus local sur les noms berbères locaux employés pour désigner chaque partie de la plante, en revanche, l’établissement d’une liste des différents types nommés du palmier dattier à Siwa est beaucoup plus difficile. Clarifier la catégorisation locale de cette plante et de ses cultivars a été nécessaire, mettant au jour deux données : la première, quantitative, est qu’il existe une quinzaine de types nommés (cultivars et ethnovariétés) ; la seconde, qualitative, est que localement les gènes importent peu, la forme si. Autrement dit, des formes identiques de palmier font identité, ce qui n’est pas sans conséquence sur la richesse de cette ressource.
Pour estimer les évolutions de cette agrobiodiversité, j’ai eu à traiter toute la littérature écrite sur Siwa (depuis la fin du xviiie siècle) évoquant les types nommés locaux du palmier dattier. La combinaison du travail ethnographique et de l’analyse historique de ce corpus littéraire sur Siwa semble indiquer que cette biodiversité agricole a été relativement stable au cours de cette période. Ce travail suggère également que cette société oasienne a dû très tôt dans son histoire opter non pour une économie de l’autosuffisance, mais pour une économie articulée sur l’exportation des produits de quelques cultivars d’élite. Siwa, et son système en polyculture, n’était peut-être pas après tout une oasis perdue dans les sables du désert libyque. Cet article présente le premier étage d’une recherche qui en compte deux ; le second, au sein d’un projet interdisciplinaire, sera consacré à l’examen d’échantillons de ces palmiers dattiers par analyse morphométrique des graines et de la structure génétique de ces types nommés pour approfondir l’analyse de l’agrobiodiversité des dattiers de Siwa, au carrefour de l’Afrique du Nord et du Proche-Orient.
– Mise-à-jour fév. 2012 : j’y travaille, j’y travaille toujours… plus longtemps que prévu, mais, au niveau du travail de recherche, c’est une vraie enquête policière…
– Mise-à-jour début mai 2012 : soumis à publication.
– Mise-à-jour mars 2013 : la revue Anthropobotanica semble sombrer, disparaître après cette vie éphémère.
Le numéro sur les palmiers semble devoir être, pour le coup, publié par les très vénérables Mémoires du Muséum national d’Histoire naturelle [1]. À suivre...
– Mise-à-jour juin 2013 : finalement, le numéro spécial palmier dattier devrait sortir à l’automne 2013 dans la toute nouvelle Revue d’ethnoécologie (nouvelle qu’en un sens : elle est l’héritière du JATBA et du RBA).
– Mise-à-jour juillet 2013 :… et finalement, je suis recruté comme coéditeur de ce numéro de la revue, qui devrait sortir fin 2013.
– Mise-à-jour janvier 2014 : le numéro est sorti.
– Extraits :
(…) ce qui a été mésestimé n’est pas tant la place accordée aux catégories locales bien identifiées des palmiers spontanés issus de graine sur l’espace irrigué, mais leur rôle de vecteurs d’enrichissement de l’agrobiodiversité : contrairement à ce que la littérature scientifique a toujours supposé, les palmiers francs ou férals n’augmentent pas seulement le nombre de « variétés » (quand un nouveau est sélectionné), mais augmentent aussi la diversité génétique de certaines des « variétés ». Autrement dit, lesdits cultivars ne sont peut-être pas des collections de clones identiques comme on le suppose toujours, mais des collections de clones se ressemblant.
– Critique du numéro
« This new journal began publication in 2012 with each number devoted to a specific theme. This fourth issue contains ten articles addressing the prehistory, history, archaeology and iconography of the date palm, and its domestication and cultivation as a key species of oasis agricultural development over time, particularly in the Arabian Peninsula and Egypt. The longest article is on the agrobiodiversity of the Siwa Oasis in Egypt, commendably documenting the antecedents of the contemporary date palm oasis. This fine book-length collection of date palm studies is a major contribution to the state of knowledge of this ancient and modern tree crop. »
Revue d’Ethnoecologie
Dennis V. Johnson
Emirates Journal of Food and Agriculture. 26.11 (Nov. 2014) : p1031.
DOI : http://dx.doi.org/10.9755/ejfa.v26i11.18990
Portfolio
[1] Très vénérables, car d’après ce que j’ai pu trouver, le premier numéro date de 1815, voir à cette adresse : http://archive.org/details/mmoiresd....