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Traduction possible du titre : « Le son de la société » : une méthode d’enquête sur les perceptions sonores au Caire
Vincent Battesti & Nicolas Puig — « The sound of society » : a method for investigating sound perception in Cairo
dans The Senses & Society, vol. 11 (3), 2016, p. 298-319.
n° Contemporary French Sensory Anthropology.
traduit du français par Samantha Le Clair et Carmen Ruschiensky
ISSN : 1745-8927, Online ISSN : 1745-8935
DOI : 10.1080/17458927.2016.1195112
Sur le site de l’éditeur : http://www.tandfonline.com/doi/abs/...
Fichier pdf : https://hal.science/hal-01380972
– Résumé :
Après avoir convenu et démontré l’importance de la dimension acoustique de la vie urbaine quotidienne du Caire (Égypte) et démontré l’inscription de ces ambiances dans la vie sociale comme des productions sociales, il convenait d’en continuer l’ethnographie. Pour ce faire, la première difficulté rencontrée est la faible verbalisation par les usagers de la ville de cette dimension sensorielle. Les auteurs ont donc mis au point une méthodologie originale en testant un dispositif expérimental, « Mics in the Ears », ouvrant un accès au « langage naturel des sons ». De cette ethnographie des ambiances acoustiques de la mégapole égyptienne, se dégagent deux tendances que nous résumeront ainsi : une socialisation du son (rapporter un son à son émission ou son signifiant social) et une sonorisation du social (lire la société par ses sons). Restera à pleinement développer ce qui est déjà en filigranes des descriptions de l’acoustique de la ville par ses habitants : une écologie acoustique de la ville du Caire.
– Les premières lignes (traduites de l’anglais) :
En évoquant « le son de la société », Hassan s’éloignait déjà du protocole que nous avions établi de description de la matière sonore du Caire. L’exercice était de décrire prosaïquement des sons enregistrés, Hassan se situe d’emblée dans une montée en généralité et interprète les sons de son quartier comme témoignant des sociabilités propres à son lieu de vie.>
L’objectif du dispositif expérimental mis en place au Caire en Égypte — et présenté ici —visait à obtenir une verbalisation — un vrai enjeu méthodologique dans le domaine des perceptions sensorielles — de l’expérience acoustique de citadins et citadines de divers milieux. Les discours dans la sphère publique présentent Le Caire comme une mégapole soumise à une « cacophonie permanente », dont il est rendu compte par une approche physique (mesures des décibels, Hopkins, et al., 2001, Hopkins, 2011) et normative (Farag, 2009, le ministre des Affaires religieuses proposait une unification des appels à la prière pour « civiliser » la ville, Battesti, 2013). Dans ces discours manquent la parole des habitants sur leur propre environnement acoustique, non pour décliner une vague identité sonore de la ville, mais mieux saisir « comment peut-on être urbain » au Caire, par l’anthropologie (Battesti & Puig, 2011). Le dispositif que nous avons mis en place au Caire entend proposer cette parole. Nous proposons dans cet article une méthode dont nous faisons l’hypothèse qu’elle est un outil efficace pour nous permettre d’accéder à une partie des perceptions sensorielles en situation des habitants du Caire, à travers la façon dont ils en rendent compte. Cette verbalisation nous autorise tout d’abord un recueil de lexique, puis de contenus sémantiques entremêlant dimensions sociales et sonores.
– Post scriptum : Mes remerciements à Bruno Scotti pour m’avoir aidé à sélectionner les bonnes photos pour accompagner cet article.
– La suite de cet article est publiée ici (dans la même revue) : Towards a Sonic Ecology of Urban Life : Ethnography of Sound Perceptions in Cairo.