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– The living heritage of an undervalued agrobiodiversity : an analytical survey of practices and categorization of date palms in al-‘Ulā oasis, Saudi Arabia
Traduction possible : Le patrimoine vivant d’une agrobiodiversité sous-évaluée : une enquête analytique sur les pratiques et la catégorisation des palmiers dattiers dans l’oasis d’al-‘Ulā, Arabie saoudite.
Un ouvrage du projet al-‘Ulā DPA (al-‘Ulā DPA Project : Ethnographic, genetic, and morphometric analyses of the date palm agrobiodiversity in al-‘Ulā oasis), travail en cours.
– par Vincent Battesti & Muriel Gros-Balthazard.
À paraître dans la collection Contributions in Ethnobiology, de la Society of Ethnobiology, Boston,
À paraître, 2024.
– Résumé :
Dans le cadre de la recherche en agriculture, l’importance de documenter et de préserver l’agrobiodiversité locale ne saurait être surestimée. Les variétés locales représentent une richesse de diversité, tandis que la diversité génétique des palmiers locaux et rares reste souvent sous-explorée. Une telle négligence risque de simplifier à outrance la nature complexe de l’agrobiodiversité, qui est bien plus qu’un simple inventaire de variétés élites. Curieusement, dans l’oasis d’al-‘Ulā (Arabie Saoudite), même les récits locaux suggèrent que la diversité se résume principalement à deux variétés (barnī et ḥalwah), coexistant avec une richesse exceptionnelle en variétés au statut socialement ambigu. Le défi ne réside pas seulement dans le dénombrement des variétés. Le véritable difficulté est de comprendre ce qui constitue une variété au niveau local, de démêler les mécanismes cognitifs qui façonnent la catégorisation de la diversité, d’explorer les enjeux sociaux associés et de saisir les pratiques locales liées à la culture des dattes.
Au-delà des considérations de préservation, de consommation ou de patrimonialisation, l’accent est mis surtout sur les pratiques agricoles, en particulier celles impliquant la reproduction et les soins apportés aux palmiers dattiers cultivés. Les systèmes de pensée et les pratiques entourant cette reproduction influencent de manière significative l’agrobiodiversité actuelle. Les questions sociales complexes à aborder incluent les qualités ou les identités sociales des propriétaires, la valorisation ou la dévalorisation de certaines variétés spécifiques ou plus largement des pratiques phœnicicoles, les mécanismes sociaux de création et de validation de nouveaux types nommés et les diverses attentes et objectifs associés aux cultures de dattes (revenus, collection, économie du don, etc.). Le contexte de cette étude est double, avec l’investissement de la couronne saoudienne dans le développement de la région (« AlUla ») au cours des quatre dernières années, tandis que la population locale perd de l’intérêt pour le travail et les connaissances agricoles (mais non pour le commerce et la propriété agricoles) au cours des quarante dernières années.