Une oasis est l’interdépendance étroite de deux espaces : le bâti du village ou de la ville et les périmètres irrigués, qui prennent souvent la forme d’une palmeraie, parfois aussi d’une oliveraie. La palmeraie est l’exemple type d’une nature anthropisée, artificielle, où milieu physique, processus écologiques et activités humaines ont d’évidentes interactions.
L’oasis est l’archétype des milieux soumis à de fortes contraintes, écologiques et anthropiques : l’agriculture est la forme que prend cette relation d’une société à son environnement.
– Rubrique à compléter prochainement pour rendre compte de mon travail dans ce domaine.
Curieusement, c’est ce chapitre Agriculture le moins fourni ici, sur lequel j’ai aussi le moins publié alors qu’il est au centre de mes préoccupations et de mon travail de terrain.
Ce thème devrait être celui central d’un prochain ouvrage sur Siwa. Il traitera donc de cette agriculture oasienne, en soi particulière et à Siwa encore différente, dérogeant pour certains aspects à ce que j’ai pu observer ailleurs. Pour le dire très vite ici, c’est une oasis qui ne manque pas d’eau (pour l’instant), et qui, au contraire, souffre de « couler » sous les eaux (usées) de drainage (c’est un peu une Venise du désert, si je puis). Les surfaces cultivées s’étendent encore, sous l’impulsion de l’État. Siwa est une rare oasis à population sédentaire qui mène une agriculture aussi peu intensive. Le ratio surfaces cultivées/population (plus pertinent qu’une moyenne des surfaces de jardin, puisqu’ici beaucoup des habitants possèdent plusieurs jardins) est assez élevé : du coup les stratégies agricoles ne peuvent être appréhendées qu’à l’échelle du patrimoine foncier complet, de l’agriculteur ou mieux encore de la famille de l’agriculteur.
Ici à Siwa, les passions de collection de clones de palmiers dattiers (Phœnix dactylifera) sont assez modestes mais présentes. L’étude de l’agrobiodiversité du dattier à Siwa est en cours (j’ai prélevé de nombreux échantillons), mais d’ors et déjà, il faut prendre en compte une biodiversité qui dépasse le cadre strict du cultivé : le palmier cultivé « clone » (reproduit végétativement) ici semble coexister avec des lignées de petites populations de dattiers cultivés (non « clones ») et avec le palmier féral (échappé de culture redevenu « sauvage ») par ailleurs. On a donc à la fois le témoignage d’un processus (jamais fini par nature) de domestication du végétal, et en même temps, de témoignage passé du cultivé (échantillonnage aussi sur des zones d’anciennes oasis abandonnées, depuis des siècles voire depuis l’Antiquité).
Le travail à rédiger sur les oasis devrait porter donc sur les questions d’agrobiodiversité au sens large à Siwa (la biodiversité cultivée de cet écosystème artificiel, mais aussi son cortège de biodiversité des espèces animales ou végétales compagnes), mais aussi sur les pratiques agricoles existantes et les savoirs locaux écologiques.
Bref, cette étude est en cours.