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Participation à l’exposition « Berbères, de rives en rêves »
du 16 mai 2008 au 4 janvier 2009
à l’Abbaye de Daoulas (près de Brest).
Je participe à un double titre à cette exposition sur les mondes berbères :
- à travers une interview filmée au Jardin des plantes du Muséum national d’Histoire naturelle (à Paris) et diffusée au sein de l’exposition sur la question des architectures de terre dans la tamazgha, l’aire berbérophone.
- en contribuant au catalogue de l’exposition avec un chapitre sur l’architecture berbère de terre. Voir ma contribution : Architectures de terre, l’exemple de Siwa.
Exposition organisée par Chemins du patrimoine en Finistère :
http://epcc-cheminsdupatrimoine.fr
– Communiqué de presse de l’exposition Berbères, de rives en rêves, Daoulas, 15 mai 2008.
M. Jacotin, 7 novembre 2007/
L’exposition « Berbères, de rives en rêves » propose un parcours poétique et littéraire consacré aux repères intangibles d’une identité multiple, et mettant en évidence les références partagées des Berbères aujourd’hui dispersés aux quatre coins du monde, à la faveur de l’exode rural qui a touché les villages d’Afrique du Nord depuis les dernières années du XIXe siècle.
Il s’agit de donner à voir d’une certaine manière une identité méditerranéenne en résistance, marquée par une forte prégnance des traditions orales, et où la transmission des mémoires partagées s’exerce de manière préférentielle par la parole au sein de l’espace familial.
De fait, des îlots linguistiques sont encore clairement identifiés en Afrique du Nord, et les régions restées berbérophones se réduisent aujourd’hui à certains espaces montagneux ou oasis : territoires Chleuh et Chaouia, Zaîan, Beni M’guild, Ait Segrouchen…, mais aussi Kabylie, Rif Marocain, régions de Matmata ou Djerba en Tunisie…
Les communautés berbères sont aussi dispersées dans le monde entier, et notamment en Europe occidentale . De fait, c’est aussi par le biais de grandes figures d’exil, telles que Fadhma et Taos Amrouche, Kateb Yacine, Baya… ou encore Slimane Azem pour le monde kabyle, que l’on peut aussi prendre conscience de l’importance d’une culture vivante, en adaptation permanente et à la recherche de moyens nouveaux pour survivre, se perpétuer et exister.
Il importait donc de rendre compte de l’originalité de cette culture berbère, et des identités transnationales qu’elle suscite, pour mieux comprendre les modalités de son affirmation dans le monde d’aujourd’hui.
« Se sentir berbère aujourd’hui » sera le grand thème de ce parcours scénographique scandé par des rencontres avec des grands témoins de notre temps et qui nous disent ce que représentent à leurs yeux, cet attachement et ce lien à des références partagées. Ces témoins sont historiens, créateurs, anthropologues, plasticiens, ou écrivains…
L’exposition envisage donc de définir ce territoire culturel et linguistique, qui trouve ses origines dans le bassin occidental de la Méditerranée, aujourd’hui territoire de référence d’une culture sans état, et qui pose véritablement la question du devenir de l’entité berbère.
Le public est invité à partir à la découverte de ces mondes berbères, marqué par des traditions musicales originales, et un rapport à la matière particulier : laine, bois, poterie, argent et émail, terres, pierre et pisé…, les éléments de la culture matérielle témoignent d’une très grande inventivité plastique et esthétique, de la permanence de certains motifs décoratifs et de qualités techniques très remarquables quant au traitement des matières à disposition dans ce bassin occidental de la Méditerranée .
Le cèdre, le blé, l’olive, mais aussi la relation de complémentarité entre bovins et ovins ont contribué à façonner pour partie un ensemble de références culturelles attachées à ces paysages et ces territoires, où la présence d’une entité divine originelle et féminine permet de mieux comprendre la place prépondérante de la femme, et surtout de la mère dans les sociétés berbères.
Ce système de croyances apparaît clairement dans la tradition des contes, transmis dans une langue, ou plutôt des langues, relevant d’une origine commune, mais qui sont en train de disparaître peu à peu.
À la complexité linguistique propre aux parlers berbères d’aujourd’hui dans le monde, viendra aussi en écho la complexité culturelle, linguistique et religieuse de l’Afrique du Nord : on insistera notamment sur l’originalité du monde juif sépharade en territoire berbère, mais aussi sur celle de l’islâm maghrébin marqué par le culte populaire des saints et qui émerge assez tardivement dans l’histoire, à partir du XVe siècle environ.
L’exposition invite délibérément le public à une expérience poétique et esthétique innovante et originale, un parcours conçu comme une déambulation happée par la parole.