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FYROM d’automne.

Vincent Battesti

 3 novembre 2005. Grèce (Thessalonique) – FYROM / Macédoine (Ohrid).
Dès la plaine littorale égéenne, l’ambiance est… comment dire ? fumée. Douce atmosphère éthérée. La route passe au-dessus de vraies rivières, je veux dire avec de l’eau. Des lacs aussi. Je fais un petit détour. Sur la route de Veroia, je croise un camion militaire frappé du sigle KFOR. Veroia est sous mi-teinte de soleil à flanc de montagne, des montagnes du nord. L’image est belle, je décide de la laisser ainsi et de prendre mon petit-déjeuner plus loin.

Et tout de suite, la route monte avec une hypnotisante succession de tunnels, tout de suite le grandiose des montagnes brumeuses, massives et dont les silhouettes sont des plans de brouillards plus ou moins sombres. Et leurs forêts d’automnes.

Sur le plateau macédonien, si ce ne sont pas des centrales nucléaires, c’est bien imité, et elles sont nombreuses. À part cela, on y cultive aussi des maïs, des vergers et un peu de vigne. Je suis sur la via ignatia, l’ancienne route qui liait Rome à Byzance.

Voilà, on me prend pour un Yougoslave. Florina, midi. Jolie petite ville en altitude. Café sur la place centrale, air frais, mais un soleil qui chauffe comme en hiver dans les stations de ski. Je suis à 18 km de la frontière avec la FYROM, la Macédoine, l’autre pas grecque.
Petite pause avant la frontière yougoslave… À Thessalonique, les gens me regardaient curieusement, pour autant on m’adressait la parole toujours en grec. Heureusement, l’anglais ou un peu le français sont mieux partagés qu’en Turquie.

Frontière de l’Union européenne ? Une départementale qui traverse des villages dont les vaches occupent la chaussée. Au détour d’un champ, j’aperçois l’Angelus, en fichu. Je vais quitter l’agriculture subventionnée.

Frontière : pas de problème. Juste un « bon, vous êtes sûr que les numéros (en arabe) sur votre plaque sont bien « 119580 » ? ». Ça devient tellement simple qu’on va bientôt me payer pour passer les frontières. La Macédoine. On garde peu ou prou le même paysage naturel, mais tout change. L’ambiance. Et la première ville, Bitola, me paraît avoir le charme certain d’une suite d’immeubles d’urbanisme socialiste aux allures de station de ski. Avec des marchés informels de légumes et fringues en plus. On sent les centralismes nationaux. Cela dit, le piment séché en guirlande revient aux balcons.

Et la campagne. Plus beaucoup de champs, beaucoup de forêts, des ruches… Et vive octobre, non, novembre ! Je suis heureux d’avoir choisi cette période, c’est beau. Il me faudra ne pas oublier la joie. Traverser ces moments, ces lieux, ces paysages… cela déjà vaut ma crainte première de traverser l’ex-Yougo. Je sens que maintenant, on peut me piquer ma bagnole, ce n’est pas grave. Ça aura valu le coup.

Et j’arrive à Ohrid. Si on ne freine pas, on tombe même dans le lac. Et je fais « ouah… ! » Surprenant, je ne m’attendais pas à ça. C’est mignon tout plein. Mais tout est en cyrillique (et non plus en alphabet grec). Bon. C’est quoi la monnaie ici ? quelle heure est-il ?

Les « h » ayant tendance à devenir des jota-s espagnoles (des kha-s arabes), j’ai délaissé les jotels pour une chambre chez l’habitant(e). Voilà un endroit qui est bien. Ohrid. Il semble y avoir un festival de musique l’été. Comme à Dahab, c’est plein de magasins de Cds (copiés) très très bien achalandés, musique africaine, jazz, rock, électronique et même électronique macédonienne. Je me recharge pour la route à venir. La musique est importante, elle reste associée en mémoire à un paysage, le désert syrien et Björk, l’entrée automnale en Macédoine et Moby (18). Très importante, c’est pourquoi il vaut mieux la choisir au hasard sinon l’on ne se décide jamais. L’accueil ici est chaleureux, la vieille ville, de brique et de bois, toujours en toit à quatre pentes en tuiles rouges, vieilles bâtisses, mosquées blanches et églises rouges. La monnaie est le dinar et je ne suis pas arrivé à 15h mais 14h, pendules locales. Le soleil ne s’est pas couché sur le lac plus tard pour autant.

De nouveau, je m’offre des restos : hier (poisson) et aujourd’hui (porc). J’avais un moment décrété que ce n’était pas drôle de se payer le resto tout seul. Finalement, ça change de la bouffe de rue dont je m’empiffre, beignets à la crème et feuilletés au fromage, dans le genre.

La nuit tombée, j’ai l’impression d’être le seul à me geler ; il y a peu de demi-portions par ici, c’est vrai, mais je suis sûr que les cygnes du lac ont bientôt les pattes prises dans la glace. Dans les eaux, des millions de petits alevins, que des sortes de canards cendrés attrapent en plongée (super rapide) et les poissons apeurés sautent hors de l’eau, les mouettes passent alors en rase-mottes pour les attraper.

Vitrine du photographe local : des mariages (avec des vieilles en tenues locales et des mariés portant un de vraies couronnes de roi et de reine), des soirées avec des pin-ups dansant presque nues sur des tonneaux dans un cercle de feu, des équipes de foot et de fiers retours de chasse aux sangliers avec trophées.

 La suite par ici…

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Vincent Battesti , "FYROM d’automne. " (en ligne), Anthropoasis | vbat.org, page publiée le 3 novembre 2005 (visitée le 19 mars 2024), disponible sur: https://vbat.org/article243