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par Vincent Battesti

En 2019, je deviens chercheur en résidence « en impesanteur » à l’Observatoire de l’espace du CNES (Centre national d’études spatiales).

Mon projet auprès d’eux est intitulé « Pour une anthropologie extraterrestre : sensorialités et cosmos ».

Sur le site web du Musée de l’Homme : Anthropologie extraterrestre, une première mondiale !

 Résumé :
L’ambition ici est de proposer une « anthropologie extraterrestre », ou si l’on veut, une anthropologie de l’humain hors de son contexte terrestre, je propose un premier angle et une méthodologie, celle d’un travail sur les sensorialités et le rapport au cosmos.
Si la question de l’espace est bien balisée en anthropologie, parce qu’elle ne s’est intéressée qu’à l’expérience jusqu’ici ordinaire de l’être humain, il s’est toujours agit d’un espace à deux dimensions, les pieds au sol. Il est peut-être temps, maintenant que l’humain s’émancipe de ce naturel de la gravité, de fonder une nouvelle anthropologie de l’espace, en apesanteur.
L’angle méthodologique est original en même temps qu’il s’impose de lui-même : le sensoriel. Notre équipement sensoriel est l’indispensable et seul moyen d’acquérir de l’information sur notre environnement et d’interagir avec lui. Je mobiliserai deux aspects de mes recherches antérieures, d’une part mon expérience des milieux écologiquement contraints pour l’humanité tels les déserts, et d’autre part mon expérience d’une anthropologie des perceptions sensorielles.

In fine, il s’agit d’ouvrir un nouveau champ, spatial, à l’anthropologie : une anthropologie extraterrestre qui explore d’abord cette gravité, véritable impensé de la condition humaine : il est probable qu’une majorité de langues de humains n’a pas de mot pour parler de/penser la gravité ou la pesanteur, même si toutes les langues sont structurée par la gravité (toutes sans doute distinguent les couples sur/sous, au-dessus/en-dessous, haut/bas, etc.). Comment l’humain socialisé, sur Terre, peut aborder cet environnement spatial inédit, extraterrestre, avec des outils qui n’ont pas été construits pour le comprendre, l’interroger, interagir avec lui ?

 Voir l’annonce sur le site de l’Observatoire de l’espace : http://www.cnes-observatoire.net/ac...

Résident « en impesanteur » signifie que je ferai l’expérience de la microgravité à bord de l’Airbus ZERO-G.
Ce premier terrain se déroulera en deux phases, deux campagnes de vols paraboliques :

  1. la première depuis le sol (sur le site utilisé par le CNES pour les vols paraboliques, près de Bordeaux : Novespace) pour conduire une recherche préalable sur « le terrain » en octobre 2019. Cette première étape de recherche consistera à rencontrer et observer au sol la communauté scientifique qui utilise l’Airbus dans le contexte d’une campagne de vol,
  2. la seconde, en avril 2020*, à bord de l’avion. Dans ce deuxième temps, afin de poursuivre l’étude de cette communauté scientifique particulière, et dans une démarche typique d’ « observation participante » chère aux ethnographes, j’expérimenterai personnellement la microgravité, avec mon corps et mon propre équipement sensoriel, dans les mêmes conditions que la population observée.
    * Dû à la situation sanitaire (Covid-19), cette mission est reportée à 2021 (printemps ou automne).
Above the Tirol, Austria. Au-dessus du Tirol, Autriche. Le 1er novembre 2016, 17h49, Vincent Battesti.
© Vincent Battesti
Le F-WNOV de Novespace (Airbus A310 - MSN 498). © Novespace
© Novespace