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par Vincent Battesti, Marie Roué, Romain Simenel, Nicolas Césard

Traduction possible du titre : « L’ethnoécologie de la pollinisation et des pollinisateurs : savoirs et pratiques dans trois sociétés. »
Une première version du titre était : « Pollination viewed by Ethnoecology : Human Knowledge, Human Practices », soit « La pollinisation vue par l’ethnoécologie : savoirs humains, pratiques humaines ».

Roué, Marie, Vincent Battesti, Nicolas Césard & Romain Simenel, 2015 — « Ethnoecology of pollination and pollinators : Knowledge and practice in three societies »
Revue d’ethnoécologie, 2015 (7)
Online : http://ethnoecologie.revues.org/2229
DOI : 10.4000/ethnoecologie.2229
Fichier pdf : https://hal.science/hal-01175523

Cet article est écrit en particulier pour répondre aux besoins d’une expertise pour l’IPBES. L’IPBES est la plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (Intergovernmental Platform on Biodiversity and Ecosystem Services). Je suis l’un des nombreux Expert Reviewers pour le rapport d’évaluation (en cours) sur « Les pollinisateurs, la pollinisation et la production alimentaire ». Cet article développe certains points de vue sur la question de la pollinisation à partir d’apports de l’ethnoécologie.

 Résumé :

Cet article réunit trois études de cas concernant les relations entre les hommes, les processus de pollinisation, et les pollinisateurs (ici les abeilles mellifères). Dans les palmeraies des oasis du Sahara, milieu et variétés sont créés par des horticulteurs qui jouent eux-mêmes le rôle du pollinisateur ; dans le sud marocain, le paysage tout entier, tout particulièrement celui des arganeraies, est le résultat d’une remarquable symbiose entre les abeilles et les hommes ; en Indonésie, les collecteurs de miel possèdent un savoir local précis de l’abeille géante et des floraisons qu’ils utilisent pour attirer les essaims migratoires et récolter le miel au meilleur moment tout en facilitant leur retour.

Les auteurs, spécialistes des relations Nature/Sociétés ont souhaité, en mettant en commun leur expertise, rendre leurs résultats accessibles, car ils étaient souvent dispersés dans diverses publications spécialisées liées à une aire culturelle. En concentrant leur analyse sur un phénomène biologique important menacé par l’action de l’homme, ils entendent s’adresser aux biologistes, décideurs et gestionnaires. Face aux menaces qui pèsent sur la biodiversité, la biologie de la conservation se trouve prise au dépourvue. La compréhension des anthropoécosystèmes, dont l’état actuel est lié à un processus de coévolution entre tous les êtres vivants, impose une démarche interdisciplinaire. Leur conservation ne peut être assurée sans que l’on comprenne les pratiques et les savoirs des peuples locaux, pour pouvoir mettre en place avec eux des mesures de protection respectueuses et localement adaptées.

Dans la palmeraie d’Abregani, Oasis de Siwa, Égypte
© Vincent Battesti

 Ma propre contribution à cet article :

Ma propre contribution à cet article co-écrit concerne particulièrement le cas du palmier dattier (Phoenix dactylifera L.).
Bien sûr, la pollinisation est un processus essentiel de la reproduction des plantes. Les activités humaines ont parfois introduites historiquement tant de modifications à leur environnement que le processus de pollinisation, et la condition même de la reproduction, a parfois été profondément transformé. Ce fut le cas avec la culture du palmier dattier (Phoenix dactylifera L., Arecaceae), une plante anémophile et dioïque de vieille domestication au Proche-Orient, inconnue à l’état sauvage, mais dont la culture est profondément enracinée dans l’histoire humaine. Cette plante est la clé de voûte des systèmes oasiens, agroécosystèmes artificiels et très élaborés, créés et maintenus dans le désert par les sociétés humaines. L’option d’un sex-ratio artificiel du palmier dattier pris par toutes les sociétés oasiennes implique de déroger à une pollinisation « normale » par le vent. Ils ont donc dû inventer une pollinisation manuelle comme substitut.

 En images, différentes étapes de la préparation du pollen du palmier dattier pour un pollinisation manuelle dans l’oasis de Siwa (Égypte) :

Preparation of the pollen for the hand-pollination of the date palm (Phoenix dactylifera L.) in Siwa oasis (Egypt).
March 28th, 2004, © Vincent Battesti
© Vincent Battesti
Preparation of the pollen for the hand-pollination of the date palm (Phoenix dactylifera L.) in Siwa oasis (Egypt).
March 28th, 2004, © Vincent Battesti
© Vincent Battesti
Preparation of the pollen for the hand-pollination of the date palm (Phoenix dactylifera L.) in Siwa oasis (Egypt).
March 28th, 2004, © Vincent Battesti
© Vincent Battesti
Preparation of the pollen for the hand-pollination of the date palm (Phoenix dactylifera L.) in Siwa oasis (Egypt).
March 28th, 2004, © Vincent Battesti
© Vincent Battesti
Preparation of the pollen for the hand-pollination of the date palm (Phoenix dactylifera L.) in Siwa oasis (Egypt).
March 28th, 2004, © Vincent Battesti
© Vincent Battesti
Preparation of the pollen for the hand-pollination of the date palm (Phoenix dactylifera L.) in Siwa oasis (Egypt).
March 28th, 2004, © Vincent Battesti
© Vincent Battesti
Preparation of the pollen for the hand-pollination of the date palm (Phoenix dactylifera L.) in Siwa oasis (Egypt).
March 28th, 2004, © Vincent Battesti
© Vincent Battesti