par Vincent Battesti

 11 novembre 2005. Saint Gallen (Suisse).
J’ai dormi royalement dans la guesthouse de la Kunstgiesserei, la fonderie d’art de Saint Gallen (site web). Un vaste et bel espace consacré à l’art contemporain, une fonderie couverte par un réseau wireless. Impressionnant. Je la visite le matin, et la technicité est bien plus élevée que dans les petites fonderies de bronze que je connaissais du Burkina Faso. Des artistes commandent ou viennent exécuter des œuvres ici, un drôle de mélange de techniciens et d’artistes. Moule, silicone, négatifs, latex, ciment, positifs, métaux en fusion, four. Le site contient une vaste bibliothèque d’art, un ancien site industriel quasiment au cœur de la ville, mais quand même dans une vallée verte avec une rivière.

Pipilotti Rist, une artiste suisse que j’aime bien, s’est amusée à recouvrir de rouge une grande partie du centre-ville de Saint Gallen. La ville est petite, des immeubles très gemütlich, des restaurants chauds et très corrects où l’on mange raffiné. Très agréable.

Marianne me propose de voir la montagne pour passer au-dessus des nuages et voir le soleil. Pas de refus. L’ascension vers le massif de Säntis commence en voiture. Ma voiture peine un peu, tout en seconde ; elle vieillit quand même on dirait. Ensuite, c’est une cabine, un gros téléphérique qui grimpe de façon vertigineuse vers le sommet, grosse masse rocheuse gelée, et bientôt les chalets deviennent minuscules tout en bas, dans les écharpes de nuages. Je ne me sens qu’à moitié à l’aise : c’est haut. Très haut. Au sommet, nous sommes à 2502 mètres d’altitude, Saint Gallen à 600 et on ne voit plus du tout la ville. Les vallées sont dessinées par les corridors de nuages qui les remplissent. C’est magnifique à en couper le souffle. La température est en dessous de zéro, le vent souffle et la perspective saisissante. J’ai le vertige au début, c’est la première fois que ça m’arrive. De la neige, et le timing est tout suisse : nous avons pris la dernière cabine de la journée qui reste 20 mn avant de redescendre à 17h, cinq minutes après la disparition du soleil, loin là-bas dans le coton au-dessus de la Suisse ou la France.

En regagnant la voiture, la bise qui souffle me semble chaude. Café, restaurant et longues discussions. Je sens que mon esprit et mon corps commencent à se relâcher, la fatigue. J’ai besoin de me reposer, me poser bientôt. Je m’entends dire « je crois que j’en ai assez vu pendant ce voyage, ça suffit. », mais les paysages de haute montagne m’ont tellement plu, enthousiasmé, que je le dis sans certitude. Une fois de plus, je m’écroule plus que je ne m’endors, sans vraiment profiter d’une chambre, chaude, qui doit faire dans les 400 m2. Les étoiles brillent dans le ciel glacé, la journée de demain sera belle.

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