– 30 octobre 2005. Turquie, Istanbul.
Je suis vraiment dans une pension de famille, les mamans qui acceptent mes cigarettes, la soupe qu’on sert à table en préparant ma place, la télé ouverte sur les feuilletons turcs qui en valent bien d’autres. Mais le gareur municipal du quartier s’invite au chaud en apportant des biscuits. Et puis, ici dans la presque capitale, on s’en fout du Ramazan.
Il faudrait que je me souvienne des dimanches et reprenne l’habitude européenne. Aujourd’hui, tout est fermé ou presque. Tant pis pour le manteau que je voulais me racheter après le vol. La pluie n’a fait que reprendre toute la journée, Istanbul parapluie et mains gelées, quand mon premier jour ici était en t-shirt.
À une tablée familiale en face de moi, la petite sur une chaise haute Mc Donald’s est très fière parce qu’elle a réussi à enfoncer une frite dans la paille de son Coca. À l’autre bout, l’homme moustachu du groupe semble s’endormir sur sa main, peut-être la fatigue du jeûne (ventre plein d’iftar et les paupières tombent), peut-être pas. C’est dans les Mc Donald’s que la plus grande variété de gens d’Istanbul est représentée.
Je pars demain pour la Grèce, arbitrairement : pas après-demain, pas par la Bulgarie, je vais rouler, sauf si le paysage me retient.
Mon café à la couleur du café. Curieusement, difficile d’avoir un vrai café (turc) en Turquie, monopole du Nescafé là aussi.
Je me suis offert dans la même journée, outre un pull, la Mosquée Bleue, très belle mais pas très bleue, et Aya Sofia, Sainte Sophie transformée en mosquée par la divine providence et en musée laïc par la même manière. Ça ne m’a impressionné que par un effort intellectuel pour se figurer depuis quand ce hall de gare est debout. Le milieu de journée a été essentiellement occupé à faire la même chose qu’hier : polis, pour des prunes, et mécaniciens d’Aktaray, au même bénéfice fruitier.
Quand même, je n’ai aucune carte pour la suite de mon trajet… La Turquie est tellement repliée sur elle-même, (auto)-suffisante, qu’elle ne vend aucune carte étrangère. Je rapproche singulièrement cela du défaut complet de langue étrangère. En dehors des secteurs touristiques, les Turcs ne prononcent pas un des dix ou quinze mots que n’importe quel Égyptien moyen connaît en anglais.