par Vincent Battesti

 21 octobre 2005. Syrie (Alep) - Turquie (Iskenderun).
Quelques courses avant le départ. Ranger un peu la voiture. Retrouver mon guide (cette fois, pour la Turquie, j’ai un guide de voyage, mais je m’en méfie encore). Attendre un ami qui a insisté pour venir me dire au revoir et bonne route. Régler la note. Direction : Bab el-Hawa, l’un des deux passages depuis Alep vers la Turquie. Je l’ai choisi au hasard, n’ayant pas encore regardé une carte de Turquie et ne sachant pas du tout où je comptais me rendre (à part Istanbul). J’ai imaginé, comme ça, passer quatre ou cinq jours dans le pays et autant à Istanbul. On verra.

Bab el-Hawa, la porte de la passion ou du vent (même ambiguïté sémantique qu’à Tozeur). Du sud au nord, les douanes syriennes sont de plus en plus corrompues. Et encore une fois, ne fonctionnent pas de la même manière. Mais ça passe. J’eus la bonne idée de finir mes livres syriennes (lira) en faisant un plein d’essence. Passer d’un franc le litre en Égypte à 2,50 en Syrie puis à plus de 8 en Turquie… étonnant.

J’embarque avec moi un drôle de couple, un étudiant avec une gueule de manouche et sa maman, et trois cartons de packs de jus de fruit. Ils sont Turcs et vont à Antakya. Je commence à goûter au plaisir des incompréhensions : la maman parle un peu arabe, mais à part ça nous n’avons pas de langue commune. Ce sera pire aux douanes turques : aucun des fonctionnaires ne parle arabe, français ou anglais (je n’ai pas essayé l’espagnol, tiens). Mais fondamentalement, ça se passe bien : voiture inscrite sur le passeport, 20 $ et nous sommes quittes, même pas de visa. Plus ça va, mieux ça va, croisons les doigts.

La Turquie commence avec une route très mauvaise, mais finalement non et mon attention se reporte sur ce qui m’entoure : les maisons sont différentes, les militaires partout sur leur miradors sont différents, les moquées sont différentes, les sons proférés sont différents, l’heure est différente, même les montagnes semblent différentes. Je ne suis plus en pays arabe : Turquie.

La mise en scène d’accueil finalement est parfaite : les rayons du soleil sont à bonne hauteur, orangeant la campagne. Les remorques de tracteurs sont bien pleines de femmes revenant des champs, le foulard noué à la paysanne, les femmes dans les villages ne sont pas voilées, les maïs sont hauts et le coton, dans de grands champs plein de dos courbés, se ramasse à la balle. Puis, tout les feux rouges sont respectés (ce qui me vaut de faire quelques crissements de pneu, mais c’est vrai qu’en Syrie déjà aussi). La police de la circulation travaille lorsqu’il y a un petit incident sur le bord de la route… je suis épaté.

Je décharge mes passagers à Antakya et je commence à réfléchir : plus beaucoup le choix, il me faudra dormir à Iskenderun, port fondé par Alexandre le Grand, évidemment. On monte la montagne, vue superbe sur la plaine agricole, et on la redescend, vue superbe sur la côte et sa Méditerranée, un grand golfe qui semble presque fermé.

L’atmosphère est tellement neuve pour moi (des distributeurs automatiques Visa Card !) que j’en oublie le ramadan en déballant mes sandwichs sur la promenade de la plage. Personne ne s’en offusque, en fait. Si j’ai eu du mal à trouver un otel (hôtel), les cafés internet pullulent, c’est marrant. J’y vais et je dois faire un peu mes plans pour la direction à prendre demain. J’ai cru comprendre aux informations qu’un tremblement de terre a eu lieu à Izmir.

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