par Vincent Battesti

 20 octobre 2005. Syrie, Alep.

Au rendez-vous de la citadelle (belle et illuminée), l’heure de retard des autres habitués me laissa le temps de la réflexion : je dois partir de Syrie, au plus tôt, un plus tôt fixé au surlendemain. Et il faut absolument que j’envoie mon papier (très) en retard pour le Journal des Africanistes. Pour deux raisons : #1 parce que j’abuse, même si j’ai quelques circonstances atténuantes ; #2 parce que je veux aborder la Turquie tranquillement. Ça me fait bizarre de rentrer dans une zone linguistique hermétique. Je vais enfin, détaché de la langue et du travail, être un touriste. Mais qu’est-ce qui pousse à ne jamais vraiment endosser cette identité temporaire de touriste ? (finir cet Idiot du voyage il y a longtemps commencé). J’ai mon échappatoire à moi : je suis le transitaire d’une Peugeot 306 en direction de la France.

En attendant, cette dernière journée à Alep s’est principalement passée devant mon ordinateur, puis celui d’un bureau de la Faculté des Lettres d’Alep (ô surprise, une mauvaise connexion 56k !).

Avec le mal aux yeux de l’écran, s’installe un mal de tête terrible et qui me rend d’extrême mauvaise humeur. J’en ai marre de ces villes arabes, de ces pays arabes. Je ne me libère des ordinateurs que pour me promener la nuit tombée dans les rues éclairées et commerçantes de la ville, essayant de trouver une cabine téléphonique qui fonctionne (en vain). De mauvaise humeur. Fatigué de la Syrie, trop de pierres… bon, mauvais argument. Non, c’est que ce soir, je ne l’ai pas découverte mieux que l’Égypte, identique, et il y a des soirs où l’on ne supporte plus tout ça : trop marchand (qui a dit que c’est l’Europe qui est consumériste ?), de mauvais goût, fatigué des mecs qui se raclent profondément la gorge pour cracher par terre, près de ton pied, des gosses qui hurlent, des impolitesses, des familiarités mal placées, des calculs, des relations intéressées… et ce putain de mal de tête.

Tout ira beaucoup mieux après une petite sieste tardive d’où ni le téléphone, ni les frappements à la porte, ni la lumière qui s’allume n’arriveront à me tirer. Il faudra qu’on vienne me secouer dans mon lit pour que je rejoigne la petite bande boire des cafés, fumer le narjilé et jouer aux cartes (le 41) à l’ordre des avocats.

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