par Vincent Battesti

 16 octobre 2005. Syrie, Palmyre (Tadmor). Matin.
Je me suis installé à l’hôtel Zenobia. Je voulais un peu de confort, je l’ai, mais je suis déçu que pour le prix il n’y ai pas un peu plus de luxe. La chose amusante est l’histoire de cet hôtel des années trente et son emplacement quasiment dans les ruines de Palmyre.
Car à Palmyre, il y a des ruines, je l’avais presque oublié. En arrivant hier soir, je traversais une ville fantomatique, en ruine, où le dernier parti aurait vraiment oublié d’éteindre la lumière. Et puis on débouche sur la ville vivante, mais bête : quadrillée comme une œuvre militaire. Dans la rue principale, restaurant et boutique de souvenir pour nous autres touristes. Si Palmyre dut sa richesse dans l’antiquité à être un carrefour commercial, on pourra lire ainsi également l’hétéroclisme des souvenirs proposés : colliers syrien, tapis kurdes, poignards (jembiya) yéménites, bibelots indiens… Il fait frais, et pour la première fois je mets ma veste pour me réchauffer.

Ce matin, par la fenêtre, le soleil éclaire le temple de Baal Sahmin. Je fais des kilomètres à pieds dans les ruines. Je ne suis pas un fanatique de vieilles pierres, mais il n’empêche que je ne puis rien faire contre cela : ça impressionne. Tant d’années, cette finesse dans la pierre, je m’amuse à deviner les végétaux sculptés dans les bas-reliefs, les colonnes, les chapiteaux : vignes, acanthe, palmiers… Des masses de pierres. Comme toujours, ce qui défie le plus le temps sont les tombes, conservatoires de dépouilles, elles, très mortelles.

J’aperçois du haut d’une ruine, près du sanctuaire d’Allat, l’oasis, la palmeraie. Car bonne nouvelle, il y a des palmiers à Palmyre ! Je suis venu en fait pour cela, pour l’oasis. Mais pour l’instant, je n’ai pas trouvé trace au sol de cette qanat d’irrigation près du palais de Zénobia.

La suite plus tard, il faut que je rende ma chambre.

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