– 9 octobre 2005. Liban (Beyrouth).
Dimanche, c’est encore le week-end ici. En passant de Syrie au Liban, je suis passé du domaine des week-ends vendredi/samedi à samedi/dimanche. Sortie vers le Liban Sud en voiture.
Les drapeaux du Ezbollah et du Amal, les groupes chiites, flottent partout dès le Sud de Beyrouth. Dès que l’on rentre dans le quartier chiite, encore à Beyrouth, l’ambiance est toute autre, la structure urbaine et sociale également : ça fait pauvre et le religieux s’affiche partout, de grands portraits d’iman chiites et autres martyres.
On pousse jusqu’à Saïda et un peu plus loin encore. Saïda, ancienne Sidon phénicienne, semble avoir conservé (restauration) sa structure ancienne. Le port, dont la vieille citadelle (Le château de la mer) est elle-même construite à partir de restes antiques, la vieille ville à son abord, toute de voûtes en pierre et de petites ruelles marchandes étroites à l’ombre.
Au Liban, même en zone chiite, un peu plus loin, on peut manger dans les restaurant falafel qui restent ouverts, même s’il faut avoir l’appétit assuré quand un type (sûrement masochiste) au yeux hagards et cernés semble souffrir du jeûne au fond du restaurant, attablé mais désœuvré.
Plage quand même. Une plage privée, un peu désertée, ambiance fin de saison, mais je me baigne quand même, l’eau n’est pas si froide, allez.
C’est en revenant sur Beyrouth que l’on rencontre ces fameux motards téméraires inconscients, en tee-shirt, sans casque et à accélérer en roue arrière en slalomant en bande au milieu du trafic autoroutier. Suicidaires en fait. C’est curieux, du moins pas tout à fait neutre, surtout dans une ville qui a connu la guerre et dont les traces, barbelés, impacts de balles et d’obus criblant les façades sont toujours visibles. Dernier acte de guerre, impressionnant : le site de l’assassinat de Rafic Hariri. Je ne m’attendais pas à ça : quelque puisse être ce « ils », ils ne l’ont pas loupé, ils ne le pouvaient pas, c’est tout une rue qui est dévastée (et fermée aujourd’hui à la circulation). Un véritable cratère dans la rue, profond, immanquable, et les immeubles autour éventrés.