par Vincent Battesti

 3 octobre 2005.
Est-ce que ça a été compliqué cette histoire de douanes à l’entrée en Jordanie ? Oui, mais c’est réglé. J’ai hésité à sortir mes fausses plaques égyptiennes (en regrettant de ne pas les avoir vissées à ma voiture dans le ferry même) : dire à un douanier « hum, au fait, j’ai des fausses plaques d’immatriculation dans ma voiture » ? Bah oui, ça marche (en éclipsant « fausses » avec une histoire d’accident à laquelle on a eu la bonté de bien vouloir croire). Restait l’absence de papiers d’identité de la voiture : je n’avais qu’une photocopie de carte grise — j’avais fait faire une copie avec traduction officielle au Caire, mais comme d’habitude, quelque chose a cloché quelque part. Là aussi, on a bien voulu prendre ma photocopie pour (plus ou moins) valable. À force, c’était vraiment me laisser quitter les douanes du port d’Aqaba avec ma voiture par bonté d’âme, mais ça avait un prix : « under my authority », le douanier chef m’octroie trois jours pour traverser la Jordanie. Plus tard, je vérifiais la rukhsa temporaire que j’avais : valable jusqu’au 4 octobre, en fait deux jours. Il fallait que je me dépêche de quitter Aqaba, mais j’ai pris mon temps. Ces histoires m’avaient fatigué.

Je me suis réveillé tard (onze heures) et j’ai traîné un peu, genre alimenter au café internet le blog du site web du Cedej. J’y ai passé 1h 40 m’a dit le proprio. J’espère que la vitesse du site web Cedej augmentera sinon je vais démissionner de ce blog de voyage.

 Quitter Aqaba.
Garder en souvenir toutes ces maisons couleur blanche ou écru, tous ces palmiers bien alignés sur les avenues, ce côté balnéaire bien rangé et propre. Dans le coin, on semble bien aimer les drapeaux nationaux, en particulier un énorme drapeau — immense comme je n’en avais jamais vu — flotte royalement au-dessus de la ville, impressionnant, majestueux. J’ai essayé de visiter, par bonne conscience professionnelle, un jardin public d’Aqaba, mais l’entrée m’en a été interdite : réservé aux familles (aux femmes). Je me sens entré dans une nouvelle zone linguistique. Mais mon égyptien passe encore (mais ça étonne : français qui parle égyptien en Jordanie ?).

Je commence ma série des auto-stoppeurs et quand ça ne se présente pas je les prends de force. Un homme à qui je demande la route du nord, je l’embarque, et il me remercie finalement chaudement en terminant par un « Allah ma3ak » (que Dieu soit avec toi).

À 14h, soleil de plomb. En pleine côte (très pentue) sur l’autoroute sortant d’Aqaba par les montagnes, ma voiture est arrêtée : ça chauffe trop pour une Peugeot, enfin la mienne, malgré les dizaines de réparations de mon mekaniki… « C’est sa température à elle » me dit-il, je doute quand c’est à ébullition.
Plus tard…
Ça monte, ça monte…, superbes montagnes dénudées, il y a de l’espace et des chardons desséchés. Ça et là, des tentes de poils de Bédouins dans la steppe aride. J’embraye sur la King Road. En continuant à monter, l’altitude aidant, la température de l’air baisse et celle de mon moteur aussi ! Continuons à monter et vivement l’hiver… (j’ai un reçu un mél d’une amie suisse qui signale de la neige à 1500 mètres).

Pendant un long moment, je n’observe pas vraiment de réelles terrasses de cultures, mais tout de même des sillons secs (cultures pluviales uniquement ?) et beaucoup de chèvres et moutons. Par ici, on semble cultiver le caillou.
La route est déserte. Les villages, leurs oliviers, keffiehs rouges des hommes … ce n’est plus du tout l’Égypte, mais le Proche-Orient et la Méditerranée, il n’y a pas de doute. Dans ces villages à flanc de montagne y règne le silence, aucun bruit sinon les dizaines de petits détails du quotidien, un coq, une porte qui claque, des cris d’enfants, qui résonnent et s’amplifient dans les vallées. Pétra n’est plus très loin.

 La suite par ici…