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released January 2007
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Fieldworks of Egypt, Contemporary anthropologies.
Edition by Vincent Battesti & Nicolas Puig of a volume of the Égypte-Monde Arabe journal, on the « Terrains d’Égypte, anthropologies contemporaines » [Fieldworks of Egypt, Contemporary anthropologies], n° 3, 3e série, 1er semestre 2006, 213 p.
Published in Jan. 2007.
ISBN : 2-905838-38-8 / 9782905838384
ISSN: 0752-4412 - 25 € (paper version)
DOI: 10.4000/ema.696
PDF File: https://hal.science/halshs-00122847/en/
– New: full text on the Égypte/Monde Arabe website’s on Revues.org: http://ema.revues.org/index696.html.
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Presentation:
This issue of Egypte/ Monde arabe first proves this: Fieldworks in Egypt are as numerous and varied as the researchers who clear their way in. These pages present the writing of anthropologists who have worked permanently in Egypt and highlight their different approaches to anthropological investigation. The variety of these approaches is related to the dispositions and inclinations of researchers. It seems to us that for most anthropologists it goes “without saying” that anthropology require work on the field. But “without saying much” as that the term “field” has not been defined. The relationships of researchers to their field(s) form as various survey methodologies than the objects of study.
Anthropologists can now claim “fieldwork” every space that they identify as an anthropological place. That this field is an oasis or fishers village, a social class or an urban community, a subway train crowded with anonymous or even within the physical and scriptural boundaries of a court, it is always the space of a relationship to the other with the prospect of social knowledge. A unit of time and space does not only define this field, it is also made up of all activities intended to provide an access to the aimed social milieus (reconnaissance, identification, delimitation and self-presentation works). Almost all social configurations can become “field” if they are subject to a specific investment of the researcher and his “informants” in terms of techniques, processes, and methods. No one dares speak of “methodologies” as there are vague, unclear, or even contradictory from one professional to another. Furthermore, as human and social beings studying other ones, this issue wonder about this specific form of relationship unto others, that is the anthropological relationship from which research forms and data from various natures collect are collected.
Thus, with regard to “Egypt-s” and their inhabitants, it is proposed to drive a reflection on the link between conditions of the social survey and empirical results to help clarify this obscure and little “speakable” in situ contemporary anthropologies processing.
– See this volume on the CEDEJ website, publisher.
- Table of contents:
– Vincent Battesti et Nicolas Puig
Terrains d’Égypte: Introduction
– Jean-Charles Depaule et Philippe Tastevin
Deux ethnologues dans le métro
– Nicolas Puig
«La vie du musicien est comme la vapeur d’eau, elle monte et disparaît» (à propos de musiciens, de mariages et de citadins au Caire)
– Barbara Drieskens (translated from English to French by Vincent Battesti)
L’art de le dire : Une réflexion méthodologique sur les histoires de Djinns et autres sujets
– Baudouin Dupret
L’enceinte égyptienne du droit. Activité juridique et contexte institutionnel
– Nessim Henry Henein
Al-tasnît et al-zullîqa, deux techniques de chasse et de pêche du lac Manzala
– Fanny Colonna
Du travail en surface. Réflexions sur une expérience de terrain « profondément superficielle »
– Vincent Battesti
«Pourquoi j’irais voir d’en haut ce que je connais déjà d’en bas ?» Centralités et circulations: comprendre l’usage des espaces dans l’oasis de Siwa
Varia
– Aymé Lebon
Le saint, le cheikh et la femme adultère: courrier du cœur adressé à l’imam al-Shâfi‘î au Caire
– Matthieu Fintz
Diaspora africaine, esclavage et Islam. À propos de Slavery on the Frontiers of Islam, Lovejoy Paul E. (dir.)
- Abstracts:
– Deux ethnologues dans le métro
Jean-Charles Depaule & Philippe Tastevin
« Nous sommes embarqués ». En partant de cette spécificité du « terrain » pour qui étudie les pratiques du métro, les auteurs reviennent sur la double enquête qu’ils ont menée sur celui du Caire. Mis en place à partir de la fin des années 1980, il est souvent présenté comme une oasis miraculeuse d’ordre et de propreté. J.-C. Depaule et P. Tastevin se sont interrogés sur la façon de rendre compte de ce « lieu mouvement » : de prendre la mesure d’une histoire en train de se faire ; d’observer les manifestations d’un savoir-vivre commun qui, selon eux, doit être rapproché des convenances observables dans l’espace de l’habitation (et ne saurait donc être imputé au seuls dispositifs « disciplinaires » conçus par les promoteurs et gestionnaires). Ils proposent en outre quelques réflexions sur les vertus et les limites d’une approche et d’une écriture à deux.
– « La vie du musicien est comme la vapeur d’eau, elle monte et disparaît » (à propos de musiciens, de mariages et de citadins au Caire)
Nicolas Puig
Justice est faite au musicien méconnu qui ouvre de cette phrase sibylline un texte portant sur les scènes et les coulisses d’un terrain d’Égypte dévolu au monde de la production musicale artisanale. Je n’avais pas noté grand chose de cette conversation avec Abu Magdi, mais cette petite phrase qui réapparaît aujourd’hui après trois années de fréquentation du milieu est d’une troublante banalité. Quelle vision traduit-elle du « drame social du travail » qui conduit les musiciens à sans cesse négocier leur statut afin de maintenir leur dignité vis-à-vis de leur public et des membres de la société citadine en général ?
La réponse à cette interrogation est l’occasion de relier l’exploration d’un monde social et de ses territoires à l’acte d’observation, en laissant ainsi l’enquêteur anthropologue apparaître dans le champ des descriptions. Ainsi, que ce soit au café, au domicile d’un informateur, dans les différents contextes de la performance – sur l’estrade des fêtes de mariages ou attablé en contrebas, « posté », le plus souvent caméra à la main, ou encore lors d’enregistrement de répétitions et de concerts –, par diverses méthodes passant toutes par une relation de personne à personne, ce qui fait le sel et l’originalité de la démarche, je tente de commuer la rumeur diffuse du métier de musicien en une sonorité plus claire, donnant à entendre le destin d’une profession et, à travers lui, l’une des voix de l’urbanité du Caire.
– L’art de le dire : Une réflexion méthodologique sur les histoires de Djinns et autres sujets
Barbara Drieskens
Au Caire raconter une histoire est un art qui implique à la fois les auditeurs et le narrateur. Il serait faux de distinguer entre un narrateur actif et un récepteur passif. Le public et le narrateur participent tous deux à l’événement de narration. Ensemble, ils constituent le sujet, le contexte opportun, la forme de l’histoire et les émotions en jeu. Les histoires naissent d’une rencontre, elles sont adaptées à un contexte, à des participants, à un lieu et un moment. Dans cette contribution, je montrerai comment tous ces éléments sont en corrélation et pourquoi tous ces éléments doivent être pris en compte pour saisir la richesse, les multiples messages et le sens d’une histoire sur les djinns ou sur d’autres sujets.
– L’enceinte égyptienne du droit. Activité juridique et contexte institutionnel
Baudouin Dupret
Cet article procède à l’examen empiriquement documenté de la nature de part en part située et contextuelle de l’activité juridique. Le droit se produit et se pratique en contexte, c’est-à-dire d’une façon dont on ne puisse rendre compte indépendamment des contingences du moment, du lieu, des membres et du cours séquentiel de l’action considérée. On cherchera tout d’abord à montrer l’importance de l’inscription contextuelle de l’action juridique, laquelle s’avère avant tout institutionnelle. En même temps, on verra que l’incidence du contexte ne doit pas être postulée, mais bien décrite à partir des manifestations empiriquement attestées de sa pertinence. Ce travail est le fruit d’une ethnographie menée à l’intérieur de nombreux tribunaux et sièges de parquet, au Caire et dans sa grande banlieue, et d’une familiarité continue avec des membres du pouvoir judiciaire. Il repose également sur la documentation constituant spécifiquement ce que l’on appelle le dossier d’une affaire, c’est-à-dire l’ensemble des documents qui représentent pour les personnes engagées dans un procès les pièces à partir desquelles elles forment leur jugement ou construisent leur défense.
– Al-tasnît et al-zullîqa, deux techniques de chasse et de pêche du lac Manzala
Nessim Henry Henein
Cet article présente deux techniques de chasse et pêche pratiquées sur le lac Manzala dans le Delta du Nil. La première est connue sous le nom de tasnît et concerne la chasse aux oiseaux migrateurs. La seconde, al-zullîqa, permet de capturer des poissons dans de larges plans d’eau gagnés sur le lac. Ces deux techniques sont la démonstration d’amples connaissances éthologiques locales de la faune en même temps que leur usage (ou non) nous offre un éclairage sur la situation écologique du lac. Son décor et la vie locale subjuguèrent l’auteur, égyptien, qui explicite ici les liens qu’il a patiemment tissés avec de nombreux interlocuteurs en multipliant les séjours pour, petit à petit, s’immerger dans la vie d’un village de pêcheurs, balançant entre l’objectivité radicale du descripteur et la subjectivité des émotions suscitées par les lieux et les hommes qui y travaillent.
– Du travail en surface. Réflexions sur une expérience de terrain « profondément superficielle »
Fanny Colonna
Cette contribution se concentre sur « le terrain » et en particulier sur une expérience menée dans la province égyptienne entre 1996 et 1998, auprès de diplomés d’enseignement supérieur ayant choisi de vivre dans leur localité d’origine.Mais elle voudrait rendre compte chemin faisant de ce qui vient avant (l’inspiration théorique, l’expérience des terrains antérieurs, vécus comme réussis ou pas, le cheminement théorique avec des collègues) et de ce qui vient après, la production d’un texte destiné à la publication, c’est-à-dire d’un objet-livre (mais c’aurait pu être un film, un porte-folio photographique, une exposition, que sais-je…). Tant il est vrai qu’aucun terrain ne s’improvise sans « l’avant » ici évoqué et qu’il est grandement imprudent – même si c’est parfois le cas – de ne pas anticiper au moins en esprit la manière dont on va finalement résumer l’aventure !
– « Pourquoi j’irais voir d’en haut ce que je connais déjà d’en bas ? » Centralités et circulations : comprendre l’usage des espaces dans l’oasis de Siwa
Vincent Battesti
À l’ombre des palmiers de Siwa, oasis berbère égyptienne, la phrase de ‘Abduh qui m’assène « Pourquoi j’irais voir d’en haut ce que je connais déjà d’en bas ? » suffit à ébranler l’universalité du concept de paysage. Cela ne suffit pas pour autant à comprendre la variété des qualités et des usages des espaces. La voie privilégiée ici est celle d’une anthropologie de terrain qui s’appuie sur l’empathie plutôt que l’ignorer : c’est un peu plus que « le partage de situations » induit par la simple observation participante, c’est l’investissement dans la relation à un « autre » singularisé. Néanmoins, si cette implication reste de même intensité quelle que soit l’échelle spatiale étudiée (de l’oasis au jardin), les différents niveaux d’organisation spatiale renvoient à des présentations et des « réceptions » variables de son identité ou de son altérité (pour le chercheur que je suis comme pour les habitants de Siwa).
- Original lettrer of intent:
Ce numéro d’Égypte-Monde arabe a pour vocation de présenter des travaux anthropologiques portant sur des terrains menés en Égypte. Deux livraisons successives d’EMA sur les « anthropologies de l’Egypte » (n° 24 et 25, 1995-1996), avaient constaté alors un renouvellement des approches et des objets de l’anthropologie au détriment des sujets classiquement abordés dans la discipline (parenté, phénomènes religieux, etc.). Une dizaine d’années après, il est acquis que le domaine de compétences des anthropologues s’est ouvert à de nouveaux objets autrefois peu légitimes (citadinités, consumérismes, mobilités, etc.), sans renier les domaines plus classiques.
Ce nouveau numéro pour lequel nous sollicitons votre contribution a pour objectif de présenter des travaux issus de « terrains égyptiens » en situant ces données et les moyens de leur production, c’est-à-dire en insistant sur la notion de terrain.
Ces « terrains » qui font la spécificité de l’enquête anthropologique — même si cette méthode a été investie par d’autres disciplines (sociologie, science politique et géographie notamment) — sont à prendre au sens large dans le cadre de ce numéro. Si l’enquête de terrain en anthropologie implique un investissement soutenu du chercheur dans un milieu donné, elle ne signifie pas toujours pour autant la pratique de l’observation participante stricto sensu, technique classique des ethnologues.
Les relations des chercheurs à leur(s) terrain(s) forment des méthodologies d’enquête qui semblent aussi variées aujourd’hui que les objets d’études. Cette relation personnelle au terrain fut longtemps garante de l’identité particulière de la discipline anthropologique. C’est l’explicitation partielle de cette relation contemporaine que ce numéro souhaite présenter. L’enjeu se situe sur le plan de la méthode : le privilège est-il toujours donné à une approche fondée sur l’unité de temps et de lieu de l’enquête ? quels découpages du terrain ou des objets sont opérés ? quelles généralisations des observations sont éventuellement effectuées et à quelles échelles ? On peut également se demander dans quelle mesure une méthodologie d’enquête s’impose à un terrain ou un objet spécifique et quelles formes de descriptions ils appellent.
Car les frontières mêmes de la notion de terrain sont parfois revisitées. Une thèse, aujourd’hui répandue, aboutit dans son extrême radicalité à dénier au local sa prééminence dans l’appréhension des phénomènes sociaux, identitaires ou culturels. Cette thèse, parfois qualifiée de « transnationaliste », très présente dans les cultural studies contemporaines, considère que le déplacement est « le point de production de sens, tout autant que le point de production de localité » [1]. Dans ce contexte, quelle peut être la pertinence d’une anthropologie construite sur des terrains localisés ?
Ainsi, au-delà des indispensables éléments de connaissance des diverses situations contemporaines égyptiennes, ce numéro d’EMA sera l’occasion d’un questionnement disciplinaire sur la pratique de terrain des anthropologues. Il est donc demandé aux auteurs de nous livrer leurs propres commentaires sur la question du terrain en s’appuyant sur une enquête, effectuée ou en cours, dont on présentera au lecteur les résultats.
– The web site of the designer of the cover art work of this EMA volume, Marie Deshayes.
– See also the article “Why should I go to see from above things I already know from below?” published in this volume.
– See also this introductive article: Fieldworks of Egypt: introduction (“Field shifts”, The production of anthropological knowledge in Egypt).
[1] Friedman J., « Des racines et (dé)routes, tropes pour trekkers », L’Homme, 156/2000, p. 188. Dans cette veine « transnationaliste » Appaduraï écrit : « L’anthropologie conserverait-elle un quelconque privilège réthorique dans un monde où la localité semble avoir perdu ses amarres ontologiques » : 2001, Après le colonialisme, les conséquences culturelles de la globalisation, Payot, p. 247.