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– Conf. (en français) : Comment habiter les déserts ? Les écologies des sociétés du Sahara et de l’Arabie ?
donnée dans le cadre des formations pour les enseignants du secondaire, avec la DIREF du Muséum et la DAAAC de l’Académie de Versailles,
Jardin des Plantes, Muséum national d’histoire naturelle, Paris (France)
le 4 déc. 2025 (11h30-13h15)
– Résumé :
Dans les déserts du Sahara et de l’Arabie, les modes de production reposent sur deux grandes stratégies socioécologiques : l’ancrage, qui transforme localement le milieu, et la mobilité, qui s’ajuste à sa variabilité. L’oasis représente l’expression la plus aboutie de l’ancrage : une ingénierie socioécologique fondée sur la maîtrise collective de l’eau, la création de microclimats et l’intensification agricole. À l’inverse, la mobilité se décline en deux formes distinctes : la chasse-cueillette, qui exploite des ressources ponctuelles et dispersées, et le nomadisme pastoral, qui convertit la végétation clairsemée en production animale grâce à une connaissance fine des territoires et de leurs temporalités. Entre ces pôles, la circulation caravanière — activité marchande fondée sur la route, les alliances et la gestion du risque — incarne l’interdépendance structurelle entre sédentaires et pasteurs : elle relie les oasis entre elles, articule leurs économies et témoigne de la complémentarité des modes de production désertiques. Ces stratégies, loin d’être archaïques, constituent des réponses sophistiquées à l’habitabilité du désert et éclairent nos manières de penser les transformations contemporaines.