Vincent,
Je t’écris ce 12 Octobre de Paris, il est 10h25, et je viens de lire ta première dizaine de jours de voyage, très vite, car ici j’ai du travail : l’appartement de rue de Choisy est maintenant prêt pour le déménagement : une pièce vide qui sent la peinture et une pleine de cartons. Ce soir, tout dans le camion, et demain matin, en route pour St Antonin-de-Noble-Val... C’est un autre voyage que le tien, et me dire que le ’’tien’’ aurait pu être le ’’notre’’ me pince un peu le cœur encore...
Bon. C’est curieux cette réalité de blog, de voyage retranscrit, photographié, commenté, et accessible si vite, à des journées avec un générique. Je ’’viens’’ du site de Libération, et ça a, esthétiquement, un étrange commun... une sensation de monde entier, vaste, mais tellement réduit et lointain. Egal.
Sinon, figure toi qu’en faisant mes cartons, et en triant ’’mes choses’’, avec la ferme intention de m’alléger radicalement de mes accumulations, je suis tombé sur mes archives de courrier reçus depuis toujours. Il y avait tout un dossier Battesti... et dedans, notamment une enveloppe, toute petite, bizarre : dedans un sachet plastique plein d’une espèce d’épice rouge qui avait coulé. J’ai ouvert... touché... et ça m’a bràlé les doigt et les yeux... Je ne sais pas ce que c’était (du piment radio actif ?), mais ça, je l’ai balancé... Dans ce dossier il y avait aussi quelque chose qui m’a ému, fait sourire, car j’avais oublié que je l’avais, et que j’y tenais : tout ton carnet de voyage manuscrit de ton ’’Tour d’Afrique’’, avec ces petits bouts de papiers, cette écriture de mouche, que je recevais par petits bout, jour après jour, à Paris égalemment, lors de mon premier essais pour y vivre... Le paralèlle entre ça et ce blog, est troublant...
Bon, je vais te laisser... Un mot quand même sur ce que tu écris et prend en photo : 1- Please, j’ai envie de voir plus ta peugeot en photo. Dans plein d’endroits différents. Est-ce possible ? Ca serait comme un fil rouge, qui t’incarnerait plus. 2- Car, je ne sais si c’est l’effet blog, mais l’ensemble donne une sensation d’éther, d’abscence presque. Les ’’autres’’ sont peu présents, les paysages et ’’ce que tu vois’’ omniprésents. J’ai envie de lire et voir de la chaire... Je me permets de dire ça puisque le blog le permet : une forme étrange d’influence... ’’Vincent, je voudrais que tu te prennes en photo avec un animal et que tu lui fasses une grimace’’... par exemple... Je réalise soudain que ce que j’écris est ’’public’’ et que ce n’est pas un ’’courrier’’ privé... qu’il peut-être lui aussi commenté... la boucle du commentaire... bizarre.
Bon, je te quitte et attend, c’est normal, la suite de ton TRAJET avec une drôle d’impatience. Je t’embrasse. Trajette bien. Je reviendrais commenter.