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par Vincent Battesti

Sons des espaces publics au Caire.
Participation à l’exposition « Être musulmane, être musulman au Caire, à Téhéran, à Istanbul, à Dakar et à Paris », 9/05/2004 au 14/11/2004, Parc et Grande Halle de la Villette (expositions). 2 cédéroms.
Fichier pdf : https://hal.science/halshs-00139143

Il s’agit de prises de sons de la vie urbaine cairote, commandés par et fournis à La Villette pour la création d’une ambiance sonore des espaces consacrés à la capitale égyptienne.

 Aller écouter ces sons : Les paysages sonores des espaces publics du Caire.

 Voir le site web de l’exposition à La Villette.

Commissariat général : Olivier Roy et Valérie Amiraux,
Production : Parc de la Villette,
Scénographie : Patrick Bouchain - Katia Samari,
Conseil scientifique : pour Le Caire : Patrick Haenni.

 Extrait du dossier de presse.

L’idée de « Musulmanes, musulmans... » est venue du désir de poursuivre l’exploration des transformations sociales et culturelles induites par la mondialisation, en portant cette fois le regard vers les pays musulmans. Par leur voix, leur image, Cairotes, Stanbouliotes, Téhéranais, Parisiens et Dakarois, expriment comment leur rapport à Dieu est une dimension, plus ou moins essentielle, de leur existence et, ainsi, les multiples manières d’être et de se vivre musulman.

La scénographie imaginée par Patrick Bouchain et Katia Samari, labyrinthe urbain conduisant du Caire à Dakar, accueillera photographies et œuvres plastiques ; chaque ville disposant d’un salon de projection permettant de voir des documents audiovisuels qui, pour cette exposition, revêtiront une importance majeure.

Le Caire
Dans une ville qui vit à l’heure du désenchantement, sur fond de crise économique et sociale, l’islam gagne toutes les couches de la société comme valeur refuge, recherche d’une authenticité et d’une identité posée en réaction à l’Occident, alors même que frénésie de consommation, culture des loisirs, aspiration au bien-être et hédonisme sont à l’ordre du jour pour ceux, du moins, qui en ont les moyens.

 Contenu des deux cédéroms :

Échantillons de Sons du Caire CD#1

Référence Durée Contenu
Piste #01 Egypte 2002 #01, 10 01:25 #1 Victoire de Ahly, football, supporters Wast el-Balad, Le Caire, 16/05/2002 22:34:00
Piste #02 Egypte 2002 #04, 10 01:28 #2 Muled Saida Zainab, Le Caire, 1/10/02 23:26
Piste #03 Egypte 2003 #07, 02 02:26 Ambiance de la rue (sirene), Taufiqqiya, Le Caire, 9/2/03 22:32
Piste #04 Egypte 2003 #07, 07 01:20 Manifestation contre la guerre en Irak, Saida Zainab, Le Caire, 15/2/03 13:21
Piste #05 Egypte 2003 #08, 07 11:28 Le marché des animaux, Suq el-Gomaa, Cité des Morts, Le Caire, 19/9/03 13:49
Piste #06 Egypte 2003 #09, 01 04:02 #1 Leyla kebira, mouled Saida Zeinab, Saida Zeinab, Le Caire, 24/9/03 0:37
Piste #07 Egypte 2003 #09, 02 10:25 #2 Leyla kebira, mouled Saida Zeinab, Saida Zeinab, Le Caire, 24/9/03 1:06
Piste #08 Egypte 2003 #09, 03 18:25 #3 Leyla kebira, mouled Saida Zeinab, Saida Zeinab, Le Caire, 24/9/03 1:56
Piste #09 Egypte 2003 #09, 05 12:40 Prêche du vendredi midi, Taufiqqiya, Le Caire, 26/9/03 12:16

Échantillons de Sons du Caire CD#2

Référence Durée Contenu
Piste #01 Egypte 2003 #10, 13 04:58 Ambiance terrasse de café, minuit, rue Azbakiyeh, Wast el-Balad, Le Caire, 1/11/03 0:48
Piste #02 Egypte 2003 #10, 14 04:04 Rue Maarouf puis Talaat Harb, soir nuit, Wast el-Balad, Le Caire, 1/11/03 21:42
Piste #03 Egypte 2003 #10, 16 10:34 Rue Ramses puis place Ramses, devant la gare, matinée, Le Caire, 2/11/03 11:03
Piste #04 Egypte 2003 #11, 01 03:27 #2 Place Ramses, depuis pont pietons, crieurs microbus, matinée, Le Caire, 2/11/03 11:24
Piste #05 Egypte 2003 #11, 03 05:44 Rue al-Kanisa al-Markasiya, matinée, vendeur de salade et prière, Wast el-Balad, Le Caire, 2/11/03 11:35
Piste #06 Egypte 2003 #11, 04 01:53 Avant l’iftar, chemin entre Med Ali et apart Ahmed, Darb el-Ahmar, Le Caire, 2/11/03 17:02
Piste #07 Egypte 2003 #11, 05 01:12 Appel à la prière, gharb, Darb el-Ahmar, Le Caire, 2/11/03 17:10
Piste #08 Egypte 2003 #11, 08 03:38 Chemin entre apart Ahmed, et Med Ali, soir nuit, Darb el-Ahmar, Le Caire, 2/11/03 21:04
Piste #09 Egypte 2003 #11, 09 04:51 Effervescence, soir nuit depuis balcon, Midan Taufiqqiya, Le Caire, 5/11/03 0:22
Piste #10 Egypte 2003 #11, 12 07:12 Café et shisha (entre dehors et dedans), Café Nadi Alfy, Wast el-Balad, Le Caire, 6/11/03 1:29

Prises de sons : Vincent Battesti au Caire 2002-2003

 Écouter ici ces sons : Les paysages sonores des espaces publics du Caire.

 Extrait du dossier de presse.

LE CAIRE
"Frénétique, démesurée, miroir de tous les contrastes, cœur battant de l’arabité à la démographie galopante, carrefour, Le Caire a eu droit à tous les superlatifs. Face au réel, Le Caire, aujourd’hui, découvre sa banalité : ni pôle politique, ni phare culturel, la ville qui a porté tant d’espoir, du renouveau islamique au panarabisme, vit à l’ombre d’une centralité éteinte. La ville est désormais désenchantée : les utopies politiques ont disparu, l’art est marginalisé, folklorisé ou récupéré. Les valeurs du marché sont sanctifiées. Le Caire est définitivement dans l’ère du temps.

Toujours plus globalisée, de moins en moins cosmopolite, la ville vit à l’heure de la confusion des systèmes de référence et non des métissages. Et si les flux économiques, le tourisme, les antennes paraboliques lui offrent le monde, les imaginaires se rétractent dans une obsession identitaire rivée sur l’idéal d’authenticité. Éternel fantasme des consciences craintives, désormais privé de substance tant il est vrai que l’islam, son dernier support, est en pleine phase de globalisation et d’extraversion. Il se fait recomposer par la société de consommation et une culture des loisirs centrée sur les affects de l’individu, il reprend pour valeur le bien-être et se veut ludique. Car le religieux, lui aussi, a été banalisé et l’islam d’aujourd’hui, c’est celui des équilibres intérieurs, pas « l’islam du grand soir ».

Pour les petites gens, la morosité est plus triviale : crise économique, exacerbation de la violence sociale dans les quartiers pauvres là où, il y a dix ans encore, le mécontentement se vivait en termes politiques de protestation islamiste. Au militant a succédé le délinquant, aux solidarités de voisinage se substitue la famille nucléaire, les portes des immeubles désormais se verrouillent en même temps que, dans les villes nouvelles, la bourgeoisie s’enferme dans le ghetto doré des « gated communities ».

Partout la modernité avance, dans la ville comme dans le religieux, mais portée moins par l’espoir que par le hasard."

Patrick Haenni

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