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Odeur sui generis, Le subterfuge dans la domestication du palmier dattier (Tassili n’Ajjer, Algérie),
Anthropozoologica, Domestications animales : dimensions sociales et symboliques - Hommage à Jacques Cauvin,
P. Bonte, A.-M. Brisebarre, D. Helmer et S. Maamar (dirs), Publications scientifiques du Muséum, Paris, vol. 39 (1), 2004, p. 301-309.
ISSN : 0761-3032
Fichier pdf : https://hal.science/halshs-00004025
En ligne sur le site web de la revue : http://sciencepress.mnhn.fr/en/peri...
– Résumé :
Les Touaregs Kel Ajjer de Djanet cultivent les dattiers de leur palmeraie d’oasis comme on le fait ailleurs au Sahara, à cette particularité près : le subterfuge. Ce n’est pas une simple domestication végétale où l’homme traite avec un matériau biologique insensible et le modèle sur des générations d’oasiens, mais une interaction qui ressemble à une domestication animale : on utilise la ruse pour ne pas contrarier le tempérament de l’espèce, récalcitrante à l‘odeur sui generis de l’homme.
– Premières lignes :
Doit-on différencier les êtres biologiques, avec lesquels les hommes entretiennent d’étroits rapports, entre animaux et végétaux ?
Dans le Sud-Est algérien, dans l’oasis de Djanet, j’ai interprété des pratiques et des discours tenus autour d’une plante comme une « domestication » du palmier dattier. Il est des spécialistes de la domestication animale et des spécialistes de la domestication végétale, mais les procès auxquels réfèrent les uns et les autres ne sont pas tout à fait identiques. Même le sens commun attribuera à la domestication de l’animal au moins une acception plus « pratique » : une interaction avec l’animal, a priori plus aisée qu’avec un végétal. L’interaction qui est évoquée ici ne relève pas seulement du champ physique mais social. Les spécialistes de la domestication des plantes, habituellement, ne peuvent traiter que du temps long, et non pas d’interactions sociales ou interindividuelles.
Pourtant, au Tassili n’Ajjer, ce que j’ai interprété comme « domestication » par les Touaregs oasiens de Djanet concerne le temps court, et une interaction interindividuelle avec la plante. Je ne m’avance pas beaucoup en affirmant que les oasiens de Djanet distinguent ou différencient nettement les animaux des végétaux. Cependant, certains aspects du processus domesticatoire qui est appliqué aux palmiers dattiers (et aux arbres fruitiers) peuvent apparaître communément plus appropriés à l’animal qu’au végétal. Car une domestication par ruse ou par subterfuge semble difficilement applicable à des êtres auxquels on n’accorde pas un minimum de « pensée ». (…)
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– Sur le site web des publications du Muséum national d’Histoire naturelle à Paris.
– Recension du chapitre dans le journal quotidien InfoSoir, par M. A. Haddadou (édition du 22/1/2009) : http://www.infosoir.com/editarchive...