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par Vincent Battesti

Thèse de doctorat en Anthropologie sociale, Les relations équivoques, approches circonspectes pour une socioécologie des oasis sahariennes, soutenue à Paris, le 28 sept.1998.

Université René Descartes-Sorbonne Paris v - Muséum national d’histoire naturelle, sept. 1998, bibl., 47 fig., 10 photog., 14 tab., annexes, 357 p.
Pdf : https://theses.hal.science//tel-00120735

ISSN : 0294-1767
Doctorat nouveau régime 98/PA05/H043

 Résumé de thèse :

L’objectif de ce travail portait sur les relations entre les sociétés et leur milieu naturel. Plusieurs éléments m’incitèrent à travailler sur un modèle de la vie oasienne plus complexe. Ce fut d’abord l’ubiquité d’un déconcertant exotisme dans l’analyse scientifique et ce fut par ailleurs une tendance simplificatrice à concevoir l’oasis comme un « point fertile dans le désert » facile à saisir et comme définie exclusivement par une approche essentialiste de l’élément rare, l’eau.

Mes études antérieures en biologie m’encouragèrent à consacrer spécialement mon travail aux palmeraies des oasis. J’ai surtout travaillé sur une région du Sud tunisien, le Jérid, mais aussi sur Djanet, dans le sud de l’Algérie, et Zagora au Maroc.

Pour saisir ces relations entre les sociétés oasiennes et leur environnement, j’ai évité le dualisme nature / culture, en fusionnant ces catégories et poursuivant le projet d’établir une socioécologie oasienne.

La construction de la nature oasienne fut analysée en se basant sur sa structure spatiale à trois niveaux, du large (l’oasis en général) au restreint (le jardin). Selon leur localisation dans l’espace, trois niveaux de possibilités de praxis oasienne sont différenciés. Dérivant de l’organisation de l’espace, les niveaux correspondants de temporalités peuvent être distingués ; ils autorisent ces différentes praxis.

S’il est toutefois illusoire de définir une « norme oasienne » (ethnographique) pour les procès socioécologiques. Les praxis varient selon les différentes catégories d’acteurs. Ou plutôt, les acteurs du monde oasien usent de ressources variées selon la situation dans laquelle ils sont engagés et ces ressources sont certes des ressources naturelles, mais tout aussi des ressources d’ordre conceptuel ou idéel : ce que tel ou tel ensemble d’idées de la nature (de la nature) permet et facilite comme type de relation à l’environnement.

Les jardiniers des oasis, on le vérifie, n’agissent pas sur leur environnement selon une norme dont la praxis serait déterminée strictement par le milieu ou la société. Il n’y a pas de préséance de la société ou du milieu comme facteur déterminant. Il y a conjugaison des deux et on peut évaluer leurs influences relatives selon la trame oasienne d’espace et de temps. Cette approche circonspecte de la complexité oasienne éclaire les relations équivoques du chercheur à son objet (méthodologie), de l’individu à sa société (sociologie) et de la société à son milieu (écoanthropologie).

Thèse de doctorat
Anthropologie sociale. Paris V Sorbonne, 1998.

 Résumé de thèse original figurant sur la quatrième de couverture :

"L’objectif de ce travail portait sur les relations entre les sociétés et leur milieu naturel. L’ubiquité d’un déconcertant exotisme dans l’analyse scientifique ainsi qu’une tendance simplificatrice à concevoir l’oasis comme un « point fertile dans le désert » facile à saisir et comme définie exclusivement par une approche essentialiste de l’élément rare, l’eau, tout cela m’incita à travailler sur un modèle de la vie oasienne plus complexe.

Mes études antérieures en biologie m’encouragèrent à consacrer spécialement mon travail aux palmeraies des oasis. J’ai surtout travaillé sur une région du Sud-tunisien, le Jérid, mais aussi sur Djanet, dans le sud de l’Algérie, et Zagora au Maroc.

Dans cette quête de la relation entre les sociétés oasiennes et leur environnement, j’ai essayé d’évacuer l’éternel débat nature / culture. J’ai tenté davantage de fusionner ces catégories en faveur d’une approche non-duale, poursuivant l’ambitieux projet d’établir une socio-écologie oasienne.

Mon approche de la construction de la nature oasienne se base sur sa structure spatiale à trois niveaux, du large (l’oasis en général) au restreint (le jardin). Selon leur localisation dans l’espace, trois niveaux de possibilités de praxis oasienne sont différenciés. Dérivant de l’organisation de l’espace, les niveaux correspondants de temporalités peuvent être distingués ; ils autorisent ces différentes praxis.

Il est toutefois illusoire de définir une « norme oasienne » pour les procès socio-écologiques. Les praxis varient selon les différents acteurs. Ou plutôt, les catégories d’acteurs du monde oasien trouvent leurs coordonnées polaires dans un espace conceptuel défini par les idéaux-types de la relation société-milieu (autochtone, orientalisme, paternalisme).

L’idéal-type « autochtone » n’est pas encore une norme dont la praxis serait déterminée strictement par le milieu ou la société. Il est important de souligner qu’il n’y a pas de préséance de la société ou du milieu comme facteur déterminant. Il y a conjugaison des deux et l’on peut évaluer leur influence relative selon la trame oasienne d’espace et de temps.

Cette approche circonspecte de la complexité oasienne éclaire les relations équivoques du chercheur à son objet, de l’individu à sa société et de la société à son milieu."

 Télécharger la thèse sur le site des Archives ouvertes.

https://theses.hal.science//tel-00120735

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Cette thèse est à disposition par souci de transparence, mais on en trouvera une version nettement améliorée, actualisée, avantageusement raccourcie et moins académique éditée aux éditions IRD (et en téléchargement libre !) :
Jardins au désert, Évolution des pratiques et savoirs oasiens, Jerid tunisien, Paris, Éditions IRD, coll. À travers champs, paru en juin 2005.

 Télécharger le rapport de soutenance de la thèse :

Thèse : rapport de soutenance
Paris (V), le 28 sept. 1998

 On trouvera également un plus long résumé de la thèse (et non du livre) publié ici.

 Aller sur le site web de

l’Université Paris V, Faculté des sciences humaines et sociales

 Aller sur le site web du

Muséum national d’Histoire naturelle.

Portfolio

[1Professeur au Muséum national d’histoire naturelle, promoteur de l’ethnozoologie. Je suis un de ses derniers doctorants.

[2Directeur d’études à l’EHESS et directeur à l’époque, si je ne me trompe, du Laboratoire d’anthropologie sociale/ ses écrits avaient inspiré mon travail et même mon orientation vers l’anthropologie

[3Aujourd’hui décédé, était président, à l’époque, de la Maisons des cultures du monde / il avait travaillé sur Chebika, une oasis de montagne guère éloignée de mes oasis tunisiennes.

[4Professeur, Doyen, à l’époque, de la Faculté des Sciences humaines de l’université Paris V - René Descartes)/ il avait suivi mon travail de DEA à Paris V

[5Directeur, à l’époque, du laboratoire d’Ethnobiologie Biogéographie au Muséum national d’histoire naturelle / c’est au titre de directeur de mon labo qu’il était dans mon jury.

[6Chercheur au CIRAD / il avait été mon interlocuteur sur le projet CIRAD/INRA tunisien pour le Développement de l’agriculture d’oasis.