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Vincent Battesti & Nicolas Puig - Le sens des lieux, Espaces et pratiques dans les palmeraies du Jérid (Sud-ouest tunisien), JATBA, revue d’ethnobiologie 1999, vol. XLI (2), p. 19-44.
ISSN : 0183-5173
oai:halshs.archives-ouvertes.fr:halshs-00004075_v3
DOI : 10.3406/jatba.1999.3710
Fichier pdf : https://hal.science/halshs-00004075
En ligne sur Persée : http://www.persee.fr/doc/jatba_0183...
– Résumé :
Dans les oasis du Jérid (Sud-Ouest tunisien), l’emprise humaine se révèle à travers diverses pratiques et représentations symboliques. Les spatialités et les temporalités se combinent pour créer les échelles de la palmeraie.
L’intensité de la présence humaine est tangible dans la minutie des activités agricoles ; elle transparaît également à travers les sociabilités qu’abritent les jardins, les manières de nommer les lieux, ou encore les diverses modalités d’expression esthétique qui se font jour, même au sein du travail.
– Mots-clefs : lieux, spatialité, temporalité, espace, oasis, palmeraie, Jérid, Tunisie.
– Premières lignes :
La palmeraie, « nature domestique » adossée au bâti, mérite un regard qui ne se restreint pas à la seule agriculture. Grâce à la richesse et la diversité des activités qu’elle suscite, cette « forêt » du monde aride peut également faire l’objet d’une approche spécifique, s’émancipant, le temps de l’analyse, de l’ensemble oasis wāḥa) qui les englobe, elle et la ville, dans une totalité articulée. Cet espace dont la complexité sociale et écologique est si souvent soulignée ne manque pas de susciter dans nos imaginaires (occidentaux) de multiples visions plus ou moins erronées y compris au sujet de ses performances agronomiques. Aussi, la « charge » symbolique attachée à l’oasis incite, là plus qu’ailleurs, à la prudence et à la circonspection.
S’agissant de ces lieux si fortement façonnés par une histoire qui se perd dans l’imaginaire mythique, l’étude anthropologique des pratiques extra-agricoles n’a pas encore été entreprise de façon systématique. Pourtant, dans leur fréquentation de la palmeraie, les hommes font plus que mettre en œuvre une unique logique productive.
Diverses représentations symboliques émergent de l’emprise humaine, qui associent spatialités et temporalités aux différentes échelles de la palmeraie. L’intensité de la présence humaine est certainement discernable dans la minutie des activités agricoles. Elle transparaît également à travers les sociabilités qu’abritent les jardins, les manières de nommer les lieux, ou encore les diverses modalités d’expression esthétique qui se font jour, parfois au sein même du travail.
C’est par l’analyse du rapport à l’espace et au temps que nous entreprenons cette visite des palmeraies, afin de rendre compte de l’enchevêtrement dans un même lieu de diverses dimensions de l’existence collective.