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par Vincent Battesti

Traduction possible du titre : Le pouvoir d’une disparition : l’eau et Jerid en Tunisie

 Titre original :
The Power of a Disappearance : Water in the Jerid region of Tunisia
in B. R. Johnston & all. (eds.), Water, Cultural Diversity & Global Environmental Change : Emerging Trends, Sustainable Futures ?, 2012, UNESCO/Springer, p. 77-96.
DOI : 10.1007/978-94-007-1774-9_6
ISBN : 978-9400717732
Fichier pdf : https://hal.science/hal-00569337
Le livre complet.

 Proposition :
Bien que l’eau soit évidemment le principe essentiel de la présence d’oasis dans le désert, dans la région du Jérid (Sud-Tunisie), l’eau semble être seulement confinée dans un registre de la revendication politique et sociale, comme un moyen possible (et rares) de libre expression. Dans certaines oasis, l’eau a même disparu de la surface de la palmeraie.

Il y a des raisons historiques qui peuvent expliquer une telle situation. C’est peut-être avant tout une histoire de contrôle. Celui qui a en main cette ressource vitale tient en main l’ensemble de la société locale. « Une histoire », parce que l’eau a toujours été un enjeu de pouvoir dans ce type de région. Les récents changements de contrôle, d’une jama’a locale à un pouvoir colonial, puis national éclaire l’importance stratégique de cet élément, mais ces réorganisations sont pas les premières. L’eau est aujourd’hui un champ de réflexion politique et sociale aussi parce qu’il est le seul légitime et autorisé aux oasiens et spécialement aux jardiniers.

Les positions et les comportements des différents acteurs des oasis concernant l’utilisation de l’eau sont hétérogènes. L’État lui-même a une attitude qui semble « schizophrène ». D’un côté, l’administration veut procéder à une exploitation minière de la ressource en eau pour prendre possession d’autres ressources (des devises étrangères grâce à une variété particulière de dates, Phœnix dactylifera L., var. deglet nour). D’un autre côté, l’État a besoin de contrôler et de « protéger » la ressource en eau pour maintenir ou rétablir le « paysage traditionnel » des oasis (le gouvernement prévoit de développer un tourisme saharien, les régions littorales étant engorgées). Les agriculteurs locaux ont fait preuve d’une diversification de leurs pratiques, et entre autres d’une diversification de l’origine de leur eau d’irrigation, en particulier avec le creusement de puits privés. Cette diversification des pensées et des pratiques concernant l’eau est une source de conflits de représentation.

Dans de récents travaux, j’ai proposé un nouveau concept global de « ressources ». Les « ressources socioécologiques » combinent dans le même mouvement des ressources réelles et conceptuelles. L’idée générale est d’abord qu’une ressource naturelle, comme l’eau, est exploitée grâce à telle ou telle perception de l’environnement. En second lieu, les acteurs peuvent jouer non seulement avec les différentes ressources, mais aussi des perceptions et des pratiques différentes de l’environnement (non seulement ils le peuvent, mais souvent le doivent). Les acteurs usent de ressources naturelles (l’eau, dans cet article) et usent de « manières d’user » de ces ressources. Avec cette approche, on peut relire l’histoire commune du Jérid et l’eau. Ce n’est plus une histoire d’acteurs sur l’environnement et en particulier l’eau ; l’évolution, le partage et la contamination de « ce qui sous-tend l’action sur l’eau » nous dira comment les contrôles régionaux et nationaux des ressources en eau sont contenus dans les modèles de contrôle économique et politique.

1920 ca : Nefta, l’oasis, la Corbeille. LL. Lévy & Neurdein réunis, Paris, édité spécialement pour les hôtels « Transatlantique ».
coll. vbat
La corbeille de Nefta, le 9 novembre 2008.
cliché Vincent Battesti

 Télécharger le chapitre au format pdf (en anglais) :

The Power of a Disappearance : Water in the Jerid region of Tunisia
in B. R. Johnston & all. (eds), Water, Cultural Diversity & Global Environmental Change : Emerging Trends, Sustainable Futures ?, 2012, UNESCO/Springer, p. 77-96.
Vincent Battesti

 L’ouvrage Water, Cultural Diversity & Global Environmental Change : Emerging Trends, Sustainable Futures ? [1] est une partie du projet Water and Cultural Diversity du Programme hydrologique international [2] (UNESCO).

 Équipe éditoriale de l’ouvrage :
Barbara Rose Johnston
Veronica Strang
Ameyali Ramos Castillo
Daniel Niles
Irene Klaver
Lisa Hiwasaki
Marcus Barber

 Concept de l’ouvrage.
Notre utilisation du terme « diversité culturelle » dans le titre reflète un effort explicite d’examiner le rôle complexe que l’eau joue comme force dans le maintien, l’entretien, et — en son sein, commercialisation et dégradation — la menace sur la viabilité de la diversité culturelle des peuples. Nous soutenons que l’eau est un besoin humain fondamental, un droit humain et un élément de base du maintien de la biodiversité et la diversité culturelle.

 Le livre sur Amazon : http://amzn.com/9400717733

 Voir le site web du projet : http://www.waterandculturaldiversit...

PHI

 Nouveau ! L’ouvrage est disponible en version complète et gratuite (pdf eBook) sur le site web de l’UNESCO à cette adresse :
http://www.unesco.org/ulis/cgi-bin/...

Brochure on water and cultural diversity.
pdf format

[1Eau, diversité culturelle et changements environnementaux mondiaux : tendances émergentes, futurs durables ?

[2Le Programme hydrologique international (PHI), programme intergouvernemental de coopération scientifique de l’UNESCO concernant les ressources en eau, est pour les États membres un instrument qui leur permet d’améliorer leur connaissance du cycle de l’eau et par là même de mieux gérer et mettre en valeur leurs ressources en eau.