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par Vincent Battesti

Le pouvoir de disparition, L’eau et le Jérid en Tunisie.

 Titre original :
The Power of Disappearance, Water and Jerid in Tunisia,
Conférence (plénière) donnée à la 2nde Conférence de The International Water History Association (IWHA) :The Role of Water in History and Development, du 10 au 12 Août 2001 - à Bergen, Norvège.

 Résumé :
Bien que l’eau soit évidemment le principe essentiel de la présence d’oasis dans le désert, dans la région du Jérid (Sud-tunisien) l’eau semble être confinée seulement au registre de la revendication politique et sociale, comme un possible (et rare) libre moyen d’expression. Dans certaines oasis, l’eau a même disparu de la surface du sol des palmeraies.

Il existe des raisons historiques qui peuvent expliquer une telle situation. C’est peut-être avant tout une histoire du contrôle. Qui a en main cette ressource vitale contrôle toute la société locale. Une histoire, parce que l’eau a toujours été un enjeu de pouvoir dans ce type de région. Les changements récents dans le contrôle de l’eau d’une jamaa locale à la puissance coloniale puis étatique soulignent la portée stratégique de cet élément, mais ces réorganisations ne sont pas les premières. L’eau est aujourd’hui un champ politique et social de discussion aussi parce que c’est le seul légitime aux populations oasiennes et spécialement les jardiniers.

Les positions et les comportements des différents acteurs de l’oasis vis-à-vis de l’usage de l’eau sont hétérogènes. L’État lui-même a une attitude « schizophrénique ». D’un côté, l’administration veut procéder à une exploitation minière des ressources aquifères pour prendre possession d’autres ressources (des devises étrangères à travers un cultivar particulier du dattier Phœnix dactylifera, var. deglet nur). D’un autre côté, l’État a besoin de contrôler et « protéger » avec l’objectif de conserver ou restaurer le « paysage traditionnel » des oasis (le gouvernement entend développer le tourisme saharien, le débouché du littoral méditerranéen étant aujourd’hui bouché). Les agriculteurs locaux ont déployé une diversification de leurs pratiques, dont la diversification des origines de l’eau d’irrigation avec des puits privés. Cette diversification des pensées et des pratiques au sujet de l’eau est une source de conflits de représentations divers.

Dans un travail récent (Battesti, 2000), j’ai proposé un nouveau concept global de « ressources ». Ce sont les « ressources socioécologiques » : ils combinent dans un même mouvement les ressources réelles et les idéelles. L’idée générale est d’abord que ce type de ressources naturelles est exploité grâce à telle ou telle perception de l’environnement. En second lieu, les acteurs jouent non seulement avec différentes ressources mais aussi avec différentes perceptions et pratiques de l’environnement (et ils ont à le faire). Les possibilités des perceptions et pratiques de l’environnement peuvent être ensemble symbolisées par un espace défini par trois idéaux-types. Ce sont les « idéaux-types de la praxis oasienne » et ils font partie des « ressources socioécologiques » : les acteurs usent des ressources naturelles (l’eau dans cet article) et usent de « manières d’user ». Avec cette approche, nous pouvons procéder à une relecture de l’histoire partagée du Jérid et de l’eau. Ce n’est plus une histoire des acteurs sur l’environnement et particulièrement l’eau ; l’évolution, le partage et la contamination de « ce qui sous-tend les pratiques sur l’eau » nous dira comment le contrôle régional et national des ressources en eau a marqué les formes de contrôle politique et économique.

 Cette communication n ’est pas (encore) traduite en français.

 Aller sur le site web de la conférence.

 Pour télécharger le texte du la conférence : voir la version pour l’ouvrage collectif A History of Water, The World of Water : Volume III.

IWHA